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"Macron ? Les critiques sont fondées mais surtout hypocrites"

Après son interview sur TF1, Emmanuel Macron a été critiqué. Pour Thierry Guerrier, ces critiques sont fondées mais surtout hypocrites.

Dans son édito politique, Thierry Guerrier revient sur les critiques de la longue interview donnée par Emmanuel Macron à TF1 mercredi soir dernier.

"Je trouve que les critiques à l'égard du chef de l'État sont fondés mais qu'il y a, aussi, beaucoup d'hypocrisie. Sous prétexte de vouloir faire le bilan de son mandat à la télévision (ce qui est légitime après tout… ses prédécesseurs l’ont tous fait), sous prétexte d’inscrire cette retrospective de son action depuis 5 ans dans un récit plus vaste sur l’avenir de la France (ce qui aurait été intéressant en soi)… le président s’est retrouvé piégé  par l’exercice télévisé, piégé par les questions des journalistes qui ont joué un peu sur le pathos et surtout piégé par sa propre nature, un tantinet égocentrique".

"Rassurez vous, je n’ai aucune naïveté. Si cette interview présidentielle prévoyait des questions sur son image - d’homme perçu parfois comme arrogant - sur certaines de ses déclarations provocatrices ou encore sur ce qu’il a ressenti pendant la crise des gilets jaunes… tout ça n’a été possible à l’antenne que parce que ces chapitres avaient été anticipés, sans doute négociés, entre TF1 et l’Élysée. Tout le monde devait y trouver son compte : les journalistes espérant un petit moment de vérité, un scoop, le président espérant lui adoucir son profil et solder le sujet de son image écornée, une fois pour toute, pour qu’on y revienne plus pendant la campagne".

Et Macron a réussi à "adoucir" son image, selon vous ?

"Peut-être mais le problème c’est que ce n’était pas la promesse du titre de l’émission, ce n’était pas le sujet et en évoquant ses sentiments personnels, à ce point et avec une petite pointe de mise en scène, Emmanuel Macron a prêté le flanc aux critiques en narcissisme, qui redoublent depuis 2 jours. À tel point que, je me demande si cette émission ne va pas, en fait, le desservir".

"Vous vous souvenez de ce que je vous disais la semaine dernière à ce micro sur le risque de sur-exposition médiatique qui pourrait se retourner contre lui, à terme… eh bien, l’audience de mercredi soir était correcte mais pas exceptionnelle (4 millions 200 000 téléspectateurs) et surtout un sondage Odoxa, que publie Le Figaro ce vendredi matin, semble montrer que seuls 37% l’ont trouvé "convaincant". Alors une émission trop lisse, trop longue et trop auto-centrée… attention danger !"

Des critiques "fondées" donc mais alors pourquoi aussi "hypocrites" ?

"Mais parce que c’est un exercice obligé dans la Vème République, auquel se sont livrés presque tous les prédécesseurs d’Emmanuel Macron. François Mitterrand revenant sur ses amitiés douteuses avec des collabos, Nicolas Sarkozy affirmant "j’ai changé" après le fameux "casse toi pauv’con !". De la même façon, ils se sont tous déclarés très tard candidats à leur propre succession. Enfin je dirais qu’il est normal, nécessaire même, que le président sortant veuille revenir publiquement sur son bilan".

"Emmanuel Macron, en a profité pour poser la 1ère pierre de sa nouvelle campagne. Il l’a fait avant noël pour ne pas laisser tout l’espace politique à Valérie Pécresse, et pour qu’on parle de lui, aussi, au moment des fêtes, dans les familles… tout ça est, ma foi, assez classique !"

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