Emmanuel Macron a inauguré mardi à Lyon l'Académie de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), un centre de formation continue qu'il a qualifié de "temple des savoirs" et de "maison commune" au service des soignants du monde entier.
"La santé de tous les peuples est une condition fondamentale de la paix du monde", a déclaré le président français sur le campus flambant neuf de 11.000 m2, financé à hauteur de 120 millions d'euros par la France.
Il manquera dix millions de professionnels de santé en 2030 dans le monde, dont cinq millions en Afrique, selon l'OMS. "Les recruter, les former, les former mieux, permettre de démultiplier les découvertes les plus récentes, utiliser les nouvelles technologies: c'est tout l'objectif de cette Académie", a expliqué Emmanuel Macron.
"Sa mission est simple mais ambitieuse", a renchéri le chef de cette agence de l'ONU, Tedros Adhanom Ghebreyesus: donner à ces professionnels "les savoirs et les compétences dont ils ont besoin pour soigner les gens, y compris face aux épidémies, aux pandémies et aux autres risques émergents".
Le patron de l'OMS a rappelé avoir soumis dès 2018 l'idée de cette Académie à Emmanuel Macron et avoir immédiatement obtenu son soutien. La pandémie de Covid-19 les a ensuite confortés dans la conviction qu'il est indispensable d'avoir les outils pour diffuser auprès des acteurs de terrain les vaccins, les tests et les savoirs en cas de crise.
- Trois millions -
Pour ce faire, l'Académie de l'OMS mise sur les nouvelles technologies. Son site lyonnais intègre ainsi la réalité virtuelle et l'intelligence artificielle.
Quelque 16.000 personnes viendront chaque année se former dans son bâtiment aux lignes futuristes, qui compte 24 salles de classe, une bibliothèque, un centre de réponse d'urgence factice mais surtout un immense plateau pour des exercices de simulation.
Emmanuel Macron et le Dr Tedros y ont assisté à la réponse, par des soignants en combinaison intégrale blanche, à une contamination massive d'étudiants par un nouveau virus d'origine animale. "Tant que cela restera un exercice, je serai heureux", a commenté le chef de l'Etat français sur fond de sirènes d'alerte hurlantes.
Une plateforme numérique permettra de toucher un public plus large et l'OMS vise trois millions d'apprenants d'ici 2028, grâce à des cours en ligne dans les six langues officielles de l'organisation : l'anglais, l'arabe, le français, le chinois, l'espagnol et le russe.
Accessibles sur ordinateur mais aussi sur téléphone, les formations virtuelles, qui ont déjà débuté, s'adressent d'abord aux professionnels de santé (médecins, infirmiers, pharmaciens...) mais aussi aux agents de l'OMS, aux chercheurs et aux décideurs du secteur.
- "Science libre" -
Présent à Lyon mardi, comme plusieurs de ses homologues, le ministre de la Santé du Tchad, le Dr Abdelmadjid Abderahim, a espéré que la nouvelle Académie aide son pays à "renforcer" son système de santé "très fragile".
"Le soutien au système de santé primaire" doit rester la priorité de l'OMS et de l'aide publique, a d'ailleurs estimé Emmanuel Macron, tout en annonçant que la France tiendrait ses engagements financiers envers l'OMS pour le cycle 2025-2028, malgré les incertitudes politiques dans le pays.
"Nous continuerons de nous battre pour avoir une Organisation mondiale de la santé indépendante, nourrie par cette science libre", a-t-il ajouté. "Aujourd'hui plus qu'hier, y compris dans les pays où on l'attendrait le moins, il est important de défendre une science libre".
Réélu à la Maison Blanche, Donald Trump est hostile à l'OMS. Au cours de son premier mandat, il a commencé à retirer les États-Unis de l'organisation, l'accusant d'être une marionnette de la Chine. Et il a nommé comme ministre de la Santé Robert F. Kennedy Jr, un homme notoirement sceptique vis-à-vis des vaccins.
Par Bertille LAGORCE et Valérie LEROUX / Lyon (AFP) / © 2024 AFP