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Malgré la crise, le logement n'est plus une priorité du gouvernement, accuse un rapport

Les signaux de la crise sont au rouge, mais l'année 2024 a presque été "une année blanche" en matière de politique du logement, regrette la Fondation pour le logement des défavorisés dans son rapport annuel, critiquant l'"attentisme" et le "renoncement" du gouvernement.

JOEL SAGET - AFP/Archives

Les signaux de la crise sont au rouge, mais l'année 2024 a presque été "une année blanche" en matière de politique du logement, regrette la Fondation pour le logement des défavorisés dans son rapport annuel, critiquant l'"attentisme" et le "renoncement" du gouvernement.

Ce rapport sur l'état du mal-logement publié lundi, dont un chapitre est consacré au handicap, est le 30e de l'ex-Fondation Abbé Pierre, qui a changé de nom fin janvier après les multiples accusations de violences sexuelles visant son fondateur.

Avec sept mois "sans ministre du Logement en état de prendre d'importantes décisions", l'année aura été "presque blanche", tacle le rapport.

Les deux principales mesures prises par le gouvernement, à savoir l'extension du prêt à taux zéro et l'exonération exceptionnelle de droits de succession sur les donations en cas d'achat d'une résidence principale, sont qualifiées d'"assez contestables" car "inégalitaires et peu écologiques".

Le rapport de 342 pages enchaîne les chiffres alarmants, dont celui des 735 personnes mortes dans la rue et âgées en moyenne de 49 ans, un record en douze ans.

En 2024, la Fondation évalue à 350.000 le nombre de personnes sans domicile, en hausse de 6% sur un an et de 145% depuis 2012, tandis qu'elle comptabilise 4,2 millions le nombre de personnes mal-logées, qu'elles soient privées de logement ou vivent dans des conditions difficiles.

Conséquence directe, 5.000 à 8.000 personnes, dont 1.000 à 3.000 enfants, sont chaque soir refoulées par le 115 faute de place en hébergement d'urgence.

Plus de 100.000 personnes vivant dans des lieux de vie informels (squats, bidonvilles) ont par ailleurs été expulsées en 2024, autre record, note la Fondation, qui critique une "posture répressive vouée à l'échec si elle ne s'attaque pas aux causes".

"On a vu en 2024 un durcissement de la crise de la construction, un grippage du marché immobilier, beaucoup d'alertes sur le front du mal-logement (...) et pourtant, du point de vue des politiques publiques, l'année a été marquée par l'attentisme et le renoncement", a observé devant la presse Christophe Robert, délégué général de la Fondation.

-"Assignation à résidence"-

"On voit que les préoccupations économiques de relance de l'activité immobilière prennent le pas sur la dimension sociale de la politique du logement, alors qu'on a une crise du logement majeure et qu'il y a besoin de rééquilibrer l'ordre des priorités", ajoute-t-il.

Parallèlement, les demandes de logements sociaux n'ont pas cessé de grimper, avoisinant les 2,8 millions de ménages fin 2024, tandis que les logements sociaux disponibles suivent la pente inverse.

Ce tableau noir s'inscrit dans un contexte de paupérisation croissante et de creusement des inégalités, rappellent les auteurs.

Une personne sans-abri dort dans une rue de Fort-de-France, le 17 octobre 2024

Une personne sans-abri dort dans une rue de Fort-de-France, le 17 octobre 2024

Philippe LOPEZ - AFP/Archives

Le cap du million d'interventions pour impayés a été franchi "pour la première fois" en 2023, presque "deux fois plus qu'en 2020", avec à la clé des réductions de puissance ou des coupures d'électricité ou de gaz.

Le rapport critique par ailleurs les multiples coups de rabot sur le budget de la rénovation, rappelant que la précarité énergétique concerne 12 millions de personnes et que 30% des ménages ont eu froid dans leur logement l'an dernier.

Appelant à "changer de cap", la Fondation pour le logement des défavorisés réitère son souhait de redonner des capacités d'action aux organismes HLM pour relancer la construction et "d'amplifier les mesures de régulation" en généralisant par exemple l'encadrement des loyers.

Un chapitre dédié aux personnes en situation de handicap ou de perte d'autonomie dresse par ailleurs un constat "décevant", vingt ans après la grande loi sur le handicap.

Plus précaires que la moyenne, ces personnes sont confrontées à d'importantes difficultés d'accès au logement et sont davantage victimes de discriminations.

"Dans le parc locatif privé, il y a des discriminations à tous les étages", souligne Manuel Domergue, directeur des études, expliquant que beaucoup de propriétaires refusent des dossiers de location notamment par peur de devoir adapter leur logement au handicap.

De même, les personnes en situation de handicap ont "14% de chances en moins d'accéder à un logement social".

"Il y a une forme d'assignation à résidence faute de réussir à trouver un logement adapté, ce qui renforce les difficultés à sortir des établissements de soin", poursuit Manuel Domergue.

Par Hélène DUVIGNEAU / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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