Après avoir évoqué la mouvance d'ultra-gauche, mercredi 13 janvier, André Bercoff reçoit Marc Leplongeon pour évoquer l'ultra-droite. Là encore, les parallèles avec l'extrême droite sont trompeurs. "L'extrême droite est une manifestation politique, démocratique avec un parti qui aujourd'hui est représenté par Marine Le Pen", précise l'invité. Tandis qu'à l'ultra-droite, "c'est tout ce qui se situe à la marge, des gens susceptibles de troubler l'ordre public, ou de passer à des actions violentes, soit contre des institutions de la République soit contre des personnalités", définit le journaliste.
"L'ultra-droite n'est pas unitaire"
Contrairement à l'ultra-gauche, à droite, on ne peut évoquer qu'une seule filiation. "Il y en a plein", révèle Marc Leplongeon, notant que "l'ultra-droite n'est pas unitaire, c'est quelque chose de complètement explosé". En remontant dans l'histoire, les ultras royalistes, "c'étaient ceux qui s'opposaient aux républicains", mais plus récemment, c'est "toute une frange de la population qui va s'inscrire en défaut de la République, qui va se sentir abandonné, qui va ressentir un certain déclin, considérer que les Français sont déclassés, et qui va s'opposer à la globalisation, à la mondialisation", explique le journaliste qui concède que si "beaucoup sont pour l'égalité des peuples", ils préfèrent que chaque peuple demeure "chez soi".
Au final, beaucoup de tendances se regroupent dans l'ultra-droite. Si certains acceptent la République, d'autres sont au contraire pour "la fondation d'un ordre nouveau". Ce sont "des gens qui vont s'inscrire en marge de certains mouvements issus ou qui nourrissent les rangs du Rassemblement national", évoque Marc Leplongeon. "Ils vont considérer que l'on pourra réfléchir une fois que la France se sera retirée des instances internationales et qu'on aura de nouveau le gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple", explique-t-il. Des mouvements sur cette ligne qui "ont repris du poil de la bête lors des manifestations de ces dernières années", de la Manif pour tous aux Gilets jaunes.
Le problème des gens "sous les radars"
L'ultra-droite se retrouve en différents mouvements, parfois identifiés "comme l'Œuvre française d'Yvan Benedetti", prend pour exemple le journaliste. Mais autour de ces groupes, "il y a des gens qui naviguent de mouvements en mouvements, jusqu'à créer des groupuscules hyper secrets, souvent conspirationnistes", souligne-t-il. "Ils sont difficiles à cerner, ils sortent de tous champs d'expression et deviennent clandestins, c'est là où les services de renseignement ont très peur", explique Marc Leplongeon qui prend pour exemple l'AFO, "un petit groupuscule qui projetait de faire des attentats et d'empoisonner des barquettes de halal". C'est principalement "ces gens sous les radars" qui inquiètent le gouvernement, "pas les skinheads qui sont quelques centaines, à peu près identifiés", précise-t-il.
Mais si on regarde le nombre de morts dans des exactions terroristes, c'est "la menace islamiste qui est celle à prendre le plus au sérieux en France", admet Marc Leplongeon, que ce soit sur le nombre de morts ou d'actes. Et quand on écoute les services de renseignements, "la deuxième menace, ce n'est pas celle de l'ultra-droite, c'est celle de l'ultra-gauche", rapporte-t-il qui sont susceptibles de faire "tout un tas d'actes de sabotage, ou d'incendies de casernes". Le parquet national antiterroriste s'est d'ailleurs saisi d'une affaire venant de l'ultra-gauche, la première depuis le fiasco de Tarnac. "À l'ultra-droite, une demi-douzaine d'actes terroristes sont recensés sur le territoire, soit par des groupuscules, soit par des loups solitaires", rapporte le journaliste qui révèle qu'à "chaque fois qu'il y a un acte terroriste islamiste sur le territoire, il y a une réplique à l'ultra-droite".
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