Pour Marc Lomazzi, les nouveaux croisés de l’écologie "ne sont pas des sectes". "Ce sont des gens radicaux. Ils ont décidé de mettre leur vie en adéquation parfaite avec leurs idées. Pour certains d’entre eux, ils ont choisi, par exemple, d’aller vivre dans les forêts. Cela peut nous paraître complètement hurluberlu mais c’est une manière de s’engager complètement", explique le journaliste au micro de Sud Radio.
Parmi eux, "il y a des gens qui retrouvent l’idéal communautaire des années 70. On va vivre en communauté, on s’extrait de ce monde. C’est ceux-là les militants radicaux. Un de ceux qui avaient vraiment promu cette manière de vivre c'était Pierre Rabhi qui est mort il y a pas très longtemps.", explique Marc Lomazzi. "Mais le vrai phénomène nouveau c’est un phénomène générationnel, c’est ce qu’on appelle l’urgence écologique".
Marc Lomazzi : Ces militants "ont peur que la planète s'effondre"
"L’urgence écologique c’est le fait que des gens sont convaincus que si on n’agit pas très rapidement, dans les quelques années qui viennent, en changeant complètement notre mode de vie, on court à la catastrophe écologique. Si vous êtes persuadé de ça, à ce moment-là, vous avez en vous, de la désespérance, qu’on appelle de l’éco-anxiété", juge l’auteur de Ultra ecologicus, les nouveaux croisés de l’écologie. "Deux tiers des jeunes aujourd’hui souffrent d’éco-anxiété. Ils ont peur de la catastrophe écologique, que la planète s’effondre".
"Quand vous pensez à ça, vous avez deux réactions : soit vous tombez dans une profonde dépression, soit vous vous battez. Moi ce que j’ai vu, ce sont des militants qui sont très en colère, très motivés, prêts à aller au bout. Ils ont une rancune, une rancœur, une colère contre la génération des boomers qui ont profité des 30 glorieuses au mépris de la planète", explique Marc Lomazzi. "Ils se disent : 'c’est nous qui allons payer les pots cassés. Eux, ils s’en fichent, ils seront morts, mais nous l’effondrement on va le vivre'. On a donc une génération d'écologistes pour qui l’urgence écologiste détermine un engagement vital. Ils se donnent un maximum, ils vont jusqu'à des formes de militantisme ultras radicales".
"Le quinquennat Macron n’a pas convaincu les militants malgré quelques initiatives comme la convention citoyenne pour le climat"
"La plupart des militants que j’ai vu prônent la désobéissance civile non violente", raconte le journaliste. "Cela a été théorisé par Thoreau, et avait été beaucoup utilisé par Gandhi et par le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. La théorie c’est que l'on est plus efficace avec la désobéissance civile non-violente. Les gens adhèrent plus au combat que par des actions de terrorisme ou d’écoterrorisme qu’on connait aux Etats-Unis ou en Angleterre mais qu’on ne connaît pas encore en France".
Pour Marc Lomazzi, "le quinquennat Macron n’a pas convaincu les militants malgré quelques initiatives comme la convention citoyenne pour le climat". "Tous les militants écologiques ont regardé ça avec beaucoup d’intérêt et ils ont été vraiment déçus. On a une génération de militants qui sont en colère et qui risquent, c’est un des dangers que je pointe dans ce livre, de passer outre la désobéissance civile non-violente en disant : ça suffit pas, il faut aller plus loin", prévient le journaliste.
Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.
Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à12h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.