Deux jours après l'attentat de Romans-sur-Isère, commis par un migrant soudanais, Marc Trévidic analyse les nouvelles formes du terrorisme qui prospèrent malgré la période de confinement. Si pour les groupes organisés, l'heure n'est pas aux attaques de grande ampleur, le magistrat souligne que cette méthode criminelle ne disparaîtra jamais.
"On est très loin du terrorisme organisé comme on a connu"
L'attaque au couteau à Romans-sur-Isère, samedi 4 avril, est pour le magistrat Marc Trévidic un acte isolé. "C'est pour l'instant le schéma d'actualité : des électrons libres qui font n'importe quoi", estime-t-il. "On est très loin du terrorisme organisé comme on a connu, quelque chose de pensé et de stratégique", remarque le juge antiterroriste. "C'est à peine du terrorisme, c'est une question de définition", précise-t-il. "Si on considère que tout individu sous prétexte qu'il agit au nom d'une idéologie fait du terrorisme, on peut appeler ça comme ça", admet le magistrat.
Auteur du livre Le Roman du terrorisme, Marc Trévidic a abordé la question de Hassan ibn al-Sabbah, surnommé "le Vieux de la Montagne", chef de la branche chiite ismaélienne des Nizârites. Pour le magistrat, "il avait compris que le terrorisme est l'arme du faible contre le fort. On peut faire peur au fort avec des assassinats ciblés jusqu'à ce que le puissant lui accorde des avantages", décrypte l'auteur du livre qui devait initialement sortir le 1er avril. Le Roman du terrorisme devrait sortir au final à la fin de la période de confinement. "C'est quelqu'un d'assez génial qui ne tuait pas n'importe comment, il ne faisait que des choses utiles, raisonnables, censées, il utilisait le terrorisme comme une méthode", rapporte le juge antiterroriste.
Vers un nouveau terrorisme ?
Si le confinement écarte le risque des attentats, "l'idéologie ne change pas et sera intacte après le confinement", prévient Marc Trévidic. "Mais aucun groupe terroriste organisé n'a intérêt à faire un attentat actuellement, parce que l'impact est très mesuré, la une du 20 heures sera le coronavirus, pas l'attentat", rassure-t-il. "Ça minimise leur impact, on voit qu'il y a des choses plus graves que le terrorisme : la pandémie mondiale", juge le magistrat.
Marc Trévidic rappelle que "le terrorisme, il y en a eu sous plein de formes", énumérant "le terrorisme laïc, séparatiste, indépendantiste, marxiste-léniniste et maintenant l'islamiste". L'avenir dira quelle idéologie se servira de cette méthode pour arriver à ses fins. "Peut-être qu'il y aura un terrorisme écologique", prédit le magistrat. "Quand des gens considéreront que la vie d'un arbre est plus précieuse que la vie d'un homme, ils seront capables de faire des choses assez dures", estime-t-il. "Le terrorisme existera toujours", reconnait Marc Trévidic.
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