La pandémie mondiale du coronavirus a remis en avant la question des frontières nationales. Disparues petit à petit au gré des politiques, ce qui constitue la première identité physique d'un pays semble revenir sur le devant de la scène et selon de nombreuses voix, elles auraient pu empêcher l'importation et la propagation du virus.
Des frontières en remplacent d'autres
"Dans un monde ouvert il faut des protections", déclare en préambule le philosophe. Marcel Gauchet remarque depuis que "les frontières ne fonctionnent plus, on en trouve d'autres, des plus élémentaires, ce qui nous abrite chacun d'entre nous dans nos petits logis". En résumé, l'intellectuel estime que "l'on veut garder l'idée qu'on ne veut pas de frontières alors qu'en réalité on ferme les deux, on revient à un monde de limites". Pourtant Marcel Gauchet souligne "la notion fondamentale" de la frontière. "On va redécouvrir le sens", prévient-il.
"C'est l'imprévu de l'histoire qui nous amène à réfléchir sur ce qu'on a fait", estime-t-il. "Pour qu'un monde soit 'un', il doit être organisé comme 'un'. Il ne l'est pas spontanément", note le philosophe qui rappelle que "l'univers humain qui nous a précédés était très cloisonné, il était géographiquement et biologiquement 'un' mais on n'avait pas cette possibilité de pouvoir nous déplacer tranquillement d'un bout à l'autre de la planète", se souvient-il, soulignant "qu'autrefois, voyager était une activité dangereuse".
S'appuyer sur les nations
Mais pour un monde ouvert judicieux, Marcel Gauchet pense que "cette organisation suppose des espaces relativement fermés pour être organisée". "Le choix n'est pas entre tout ouvert ou tout fermé mais l'équilibre à réaliser entre les deux", estime le philosophe. "C'est ça que nous allons devoir mieux organiser que l'on a fait jusqu'à présent", juge-t-il.
Un équilibre qui reposerait sur l'existence des nations. "La base sur laquelle nous nous reposons tous, c'est la planète des États-nations", fait remarquer le philosophe. "Il faut une unité de base à l'intérieur de laquelle on s'entend suffisamment pour s'organiser et s'ouvrir. Sans cette relative cohérence interne, il n'y a pas de protection possible des gens qui vont venir sur notre sol", explique-t-il. "Ce n'est pas donné dans la nature, il faut que ce soit voulu", conclut Marcel Gauchet.
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