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Marie-Estelle Dupont et René Chiche - Rentrée : "Les dégâts collatéraux, sociaux, psychiques vont être terribles"

Marie-Estelle Dupont, psychologue, et René Chiche, professeur agrégé de philosophie, étaient les invités d’André Bercoff le 2 septembre 2021 sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

Marie-Estelle Dupont et René Chiche invités d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Marie-Estelle Dupont : "l’anxiété et la tristesse marquent cette rentrée"

La Rentrée 2021 se fait une nouvelle fois avec la menace du virus Sars-CoV-2 et un protocole renforcé dans les établissements scolaires pour les 12 millions d’élèves concernés. "Depuis l’été, depuis l’annonce de la non-nécessité de l’autorisation parentale pour vacciner les adolescents, on a observé beaucoup de conflits", souligne Marie-Estelle Dupont, psychologue. Des conflits qui naissent "au sein des familles", explique-t-elle, car les adolescents sont "dans un âge charnière" où ils "ont besoin de se trouver d’autres discours que le discours parental". "Ils sont éminemment influençables, fragiles narcissiquement, ils ont besoin de la reconnaissance de leurs pairs, d’avoir le sentiment d’appartenir à un groupe."

La possibilité de ne pas faire appel à l’autorité parentale pour la vaccination, en tout cas pour les 16-17 ans (les 12-15 ans nécessitant l’autorisation d’au moins un parent), de "jouer à saute-mouton" avec elle, explique Marie-Estelle Dupont, "ça a créé beaucoup de conflits" : "ça a enflammé un moment de la vie où il est normal d’être en conflit avec ses parents ; il est normal d’avoir envie de ne pas avoir besoin de ses parents mais il est normal aussi d’en avoir un peu besoin encore". Pour la psychologue, le gouvernement a "envoyé un signal que moi je trouve très compliqué pour les parents". "C’est très très grave."
Pour Marie-Estelle Dupont, après le confinement qui a détruit "le lien social", "on ne peut pas prendre des mesures qui détruisent le lien familial : c’est quand même la cellule de base de la société". "Je crois que les dégâts psychiques et sociaux, on ne les a pas mesurés, mais ils vont être énormes et je le constate déjà dans l’anxiété et la tristesse qui marquent cette rentrée", regrette la psychologue.

 

René Chiche : "on massacre les jeunes dans l’indifférence générale"

"Les dégâts collatéraux, sociaux, psychiques, ne vont pas être terribles : ils le sont déjà" analyse de sa part René Chiche, professeur agrégé de philosophie, membre du Conseil supérieur de l’Éducation, vice-président d'Action et Démocratie. Il juge que depuis "plus d’un an, on massacre les jeunes dans l’indifférence générale". Il tient toutefois à différencier "les plus jeunes enfants" qui apprennent "à lire avec un masque". "Pensez-vous que vous auriez réussi à apprendre à lire avec un masque qui vous prive vous, mais aussi le professeur, de la vue des mouvements que vous faites avec votre visage et qui vous empêche par exemple de distinguer entre le ‘ch’ et le ‘je’ ?"
"C’est très grave", estime très inquiet René Chiche : "on est dans un déni total de ces effets collatéraux". Il souligne qu’aucune étude n’a été faite à ce sujet "et à mon avis il n’y a aucune étude qui ne sera faite sérieusement sur ces dégâts-là".

 

Les enfants sont "traumatisés"

Le vice-président d'Action et Démocratie juge que c’est un tabou du pouvoir, "parce que fondamentalement, la gestion de cette crise est faite de mesures complètement disproportionnées qui se focalisent sur des aspects d’une crise en négligeant totalement le reste de la société, le reste des effets que l’on produit par des mesures". Il explique qu’au sein même des foyers, selon des témoignages qui "lui font beaucoup de peine" il y a des mères "qui décrivent des enfants, on peut dire le mot, traumatisés".

Des propos confirmés par la psychologue Marie-Estelle Dupont qui déclare "moi je les vois : j’ai des enfants qui arrivent dans le bureau en me demandant ‘est-ce que je peux toucher le bureau ou il y a des germes ?’, à sept ans… et ‘j’embrasse pas les gens parce que quand on s’embrasse on se touche’, à sept ans…". "C’est terrifiant", confie la psychologue.
"Retard de parole à la crèche, problème d’apprentissage de la lecture, problème de concentration avec l’enseignement à distance qui ne permet pas une mémoire à long terme" sont parmi les problèmes que la crise et les mesures vont entraîner auprès de la jeune génération juge la psychologue. "Et des dégâts psychiques sans commune mesure avec tout ce qu’on a pu rencontrer avant comme problèmes."

 

"On habitue les enfants dès le plus jeune âge à avoir peur"

René Chiche juge toutefois que ces problèmes ont "commencé avant" la crise sanitaire, qui n’a fait que les exacerber et les montrer. "L’abandon de notre jeunesse par une génération d’adultes qui est incapable de prendre ses responsabilités, qui cherche souvent trop à se faire aimer au lieu de simplement donner des repères et éduquer ses enfants."
Selon lui, "on habitue les enfants dès le plus jeune âge à avoir peur". Un paradoxe : "on ne met pas ses enfants à l’école pour qu’ils aillent se cacher sous les tables ou pour se livrer à des exercices de prévention d’actes terroristes", souligne le membre du Conseil supérieur de l’Éducation en référence au plan Vigipirate mis en place après les attentats en France. Le principe de précaution "doit être utilisé et appliqué avec prudence et sagesse, avec mesure ; là, on est dans la démesure totale", estime René Chiche.

 

 

 

 

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