La question de l'inceste reste totalement taboue dans les familles, mais aussi dans le débat public. "Le quotidien a complètement étouffé cette question", déplore l'ancienne magistrate pour qui "on ne parle jamais de cette délinquance qui se passe sous le toit des familles", que ce soit les violences sexuelles, les violences conjugales, ou l'inceste.
"Un territoire perdu de la justice"
Pour Marie-Pierre Porchy, il y a une "impression que c'est une parenthèse dans l'existence des gens". Le sujet n'est pas pour autant complètement oublié, "il y a eu des nouvelles lois et une commission censée travailler sur le sujet", souligne l'ancienne juge pour enfant. Peut-être pas suffisant, puisque "les choses n'arrivent pas avec autant d'efficacité que les gens souhaiteraient".
L'inceste apparaît alors comme "un territoire perdu de la justice", qui, malgré "toute la bonne volonté" des magistrats, le nombre d'affaires et les retards que prennent les gros dossiers, "ne pourront être résolus". "Il faudrait qu'on soit beaucoup plus nombreux à juger ces affaires", appelle-t-elle, craignant "que la justice ne puisse pas faire face à l'afflux de ces dossiers".
"L'interdit n'était pas véritablement posé jusqu'à la loi de mars 2021"
Si l'inceste a toujours été puni, il était cependant "relié aux textes généraux". Pour prouver l'existence de ce délit, "il fallait toujours prouver l'existence au moment des faits, de violences contraintes, menaces ou surprises", explique Marie-Pierre Porchy. L'inceste était alors "une circonstance aggravante lorsque l'auteur avait un ascendant", mais n'apparaît dans les textes de loi qu'en 2016.
Mais "l'interdit n'était pas véritablement posé jusqu'à la loi de mars 2021", note la magistrate, puisqu'il fallait toujours se référer à l'existence de cette violence contrainte, menace ou surprise. "Si on n'arrivait pas à prouver ces éléments, l'existence de l'infraction était contestable", témoigne-t-elle. Les choses ont donc changé même si "la loi est très imparfaite" du point de vue de l'ancienne juge d'instruction. "Maintenant, on n'est plus obligé de trouver l'existence de cette contrainte, il suffit de prouver l'existence de la relation sexuelle, que l'enfant a moins de 15 ans et que l'auteur le sait", précise Marie-Pierre Porchy.
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