Les chauffeurs de taxi marseillais sont en colère et le font savoir. Afin de dénoncer la concurrence déloyale des Uber et autres VTC, ces derniers ont ainsi mené une opération escargot au son des klaxons mercredi matin dans les rues de la cité phocéenne, provoquant certains embouteillages.
"Il n'y a pas suffisamment de police et on le constate quotidiennement"
Cette opération a donné lieu à une scène inhabituelle sur l'avenue du Prado, l'une des artères marseillaises les plus connues et fréquentées, le long de laquelle plusieurs dizaines de taxis en file indienne roulaient au pas, en direction de la préfecture. Parmi ces chauffeurs mécontents se trouvaient Eric Bouclon (Secrétaire général du syndicat des taxis marseillais), qui a bien voulu faire part du malaise de ses collègues au micro de Sud Radio. Selon lui, la profession est aujourd'hui confrontée à une concurrence qui s'apparente à une véritable activité clandestine. C'est la raison pour laquelle il réclame davantage de contrôles sur les chauffeurs de VTC et Uber. "On demande une stricte application de la loi et c'est pour ça que l'on s'adresse au préfet de police puisque ce sont ses compétences. On demande qu'il y ait des contrôles sur les modes de transports que vous voyez fleurir de partout et à l'intérieur desquels il y a des vrais clandestins, qui utilisent des applications voyous ne respectant pas la loi", affirme-t-il ainsi. "Vous, en tant que client, n'avez aucune garantie sur la personne qui vous conduit", ajoute-t-il.
Même son de cloche du côté de Rachid Boudjema (Président de l'Union Nationale des Taxis) qui souligne par ailleurs que cette concurrence déloyale n'est quasiment jamais verbalisée, en raison du trop faible nombre de policiers. "On voit des voitures-ventouses qui stationnent toute la journée sur la voie publique, des VTC et même pire, des Uber Pop. On attend donc des autorités à ce qu'ils mettent en marche les contrôles. Il n'y a pas suffisamment de police et on le constate quotidiennement", dénonce-t-il. "Aujourd'hui, on ne peut pas admettre que Monsieur ou Madame tout le monde puissent faire la même chose que le taxi, avec un simple véhicule", insiste-t-il encore. En outre, la pratique n'est pas sans conséquences selon les syndicats, puisque ces derniers estiment la baisse du chiffre d'affaire à 30 % en 2 ans. Ce qui contraint certains chauffeurs à ne plus compter leurs heures afin de rentrer dans leur frais. C'est notamment le cas de Gilbert, que nous avons rencontré. "Ça ne peut plus continuer comme ça, on n'y arrive plus ! Moi je suis pris à la gorge et au lieu de faire 10h par jour, j'en fais 15 ou 14", déplore l'intéressé, qui exerce depuis une cinquantaine d'années.
Vous l'aurez compris, les chauffeurs ne décolèrent pas et brandissent la menace de nouvelles actions si d'aventure les contrôles ne sont pas renforcés. Affaire à suivre.
Propos recueillis par Lionel Maillet