Il est de retour en France. L'avion qui ramenait le photojournaliste Mathias Depardon dans l'Hexagone, après un mois de détention en Turquie, s'est posé en France peu après 22h.
Arrêté lors d'un reportage pour le magazine National Geographic dans le sud-est du pays, Mathias Depardon a estimé que sa détention était "un message assez fort" envoyé par la présidence de Recep Tayyip Erdogan "auprès des journalistes étrangers et turcs qui ont pour but de faire des sujets dans le sud-est de la Turquie".
Il s'est dit "heureux d'être à Paris, d'être en France", assurant qu'il allait "très bien". "J'ai été accusé de propagande terroriste et d'aide et soutien à des groupes terroristes, à savoir le PKK, suite à des images que j'avais faites ces dernières années, dont je ne cachais pas l'existence", a indiqué Mathias Depardon
Le 3 juin dernier, Emmanuel Macron avait demandé au président turc le retour "le plus vite possible" dans son pays du journaliste, qui faisait l'objet d'un ordre d'expulsion depuis le 11 mai. Cet ordre d'expulsion a donc été appliqué vendredi, au lendemain d'une visite de sa mère dans le centre de rétention de Gaziantep, où il avait été transféré un mois auparavant.
Sa détention a suscité l'inquiétude des défenseurs de la liberté de la presse, qui dénoncent une dégradation des conditions de travail des journalistes turcs et des journalistes étrangers en Turquie. Mathias Depardon est le dernier d'une série de journalistes européens arrêtés ou expulsés par les autorités en Turquie, où les conditions de travail se sont dégradées au cours des derniers mois, pour les professionnels des médias, en particulier depuis le putsch manqué de l'été dernier.
Olivier Bertrand, journaliste français, Gabriele Del Grande, journaliste italien, ont été arrêtés et expulsés ces derniers mois. Deniz Yücel, journaliste germano-turc, a été incarcéré, accusé d'espionnage et d'activités terroristes.
Plus de 100 journalistes turcs sont actuellement incarcérés en Turquie. Ce pays occupe la 155e place sur 180 au classement 2017 de la liberté de la presse établi par Reporters sans Frontières.