Les ruptures de stocks de médicaments ont reculé en 2024 en France, après plusieurs vagues de hausse au cours des cinq dernières années, selon une étude publiée jeudi par les autorités.
Une augmentation des ruptures de stocks avait été observée à partir de 2019, suivie d'une deuxième vague courant 2021-2022, puis d'une troisième qui a culminé à l'hiver 2022-2023 avec environ 800 médicaments destinés aux officines qui étaient en rupture au même moment.
Fin 2024, ils étaient "environ 400" à manquer, "un niveau certes en retrait par rapport au pic mais encore élevé", souligne cette étude de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) réalisée en collaboration avec l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Aucune classe thérapeutique de médicaments n’a été épargnée par la vague de ruptures de stocks qui a suivi l’année 2021, selon cette étude qui s'est appuyée sur les déclarations des industriels.
Près des trois quarts des déclarations de ruptures de stocks ont concerné les médicaments du système cardio-vasculaire, du système nerveux (dont fait partie le paracétamol) et les antibiotiques.
"La sévérité des risques de rupture de stock semble s’atténuer, si l'on en juge par le niveau des stocks déclarés", constatent la Drees et l'ANSM.
Ainsi, fin 2024, "la moitié des laboratoires disaient avoir plus de 2 mois de réserve contre 1,3 mois fin 2022", selon Gladys Baudet, spécialiste des données à la Drees.
Les laboratoires doivent informer l’ANSM, dès qu’ils en ont connaissance, de tout risque de rupture de stock ou de toute rupture de stock relative à un médicament d’intérêt thérapeutique majeur (MITM), la catégorie la plus utile pour la santé.
Sur les 17.000 médicaments qui sont commercialisés en France, 10.000 sont des MITM pour lesquels les laboratoires ont l'obligation depuis 2021 de constituer au moins deux mois de stocks.
Pour la suite, il faut être "extrêmement prudents", a estimé Catherine Paugam-Burtz, la directrice générale de l'ANSM, qui gère les tensions d'approvisionnement par exemple via des contingentements et des interdictions d'exportations.
Les causes avancées par les laboratoires pour expliquer des ruptures de stocks sont souvent liées à une augmentation imprévue de la demande ou/et à un problème de production.
"Dans 10% des cas seulement, la rupture ou le risque de rupture est lié à un problème de matière première", fait observer Clément Dherbécourt, coauteur de l'étude.
Une rupture de stock n'est pas équivalente à une pénurie. Un médicament peut être en rupture sans pour autant être indisponible en pharmacie.
En l’occurrence, "le laboratoire ne parvient pas à reconstituer son stock, mais dans la plupart des cas, il arrive à continuer à vendre une partie de sa production" et "il n'y a n'a pas d'effondrement systématique des ventes", observe M. Dherbécourt.
"La mobilisation collective des acteurs a permis de faire bouger les lignes", a salué l'organisation professionnelle des entreprises du médicament (Leem) dans un communiqué.
Pour encore plus d'efficacité, elle préconise d'opter pour un système d’information unique de suivi des stocks de médicaments et de réviser les prix des molécules à risque, qu'elle juge trop bas, pour sécuriser leur production en Europe.
Lundi, l'ANSM avait confirmé une amélioration des approvisionnements en amoxicilline, antibiotique le plus courant en France.
AFP / Paris (AFP) / © 2025 AFP