Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souhaité mercredi prolonger jusqu'à 18 mois, contre trois mois actuellement, la durée maximale dans les centres de rétention administrative des migrants en situation irrégulière.
Fixée à 10 jours en 1993, la durée en centre de rétention administrative (CRA) a été portée de "manière exceptionnelle" à 90 jours avec la loi Collomb de 2018, et à 210 jours, soit sept mois environ, en matière terroriste.
"Aujourd'hui, la durée de rétention maximale en France, elle est de trois mois. En Allemagne, elle est pratiquement d'un an et demi", a souligné Bruno Retailleau sur RTL.
"Au Sénat, un texte va être discuté (...) Nous avions prévu au départ d'aligner le régime de tous les individus les plus dangereux sur le régime terroriste qui prévoit 210 jours. Je pense qu'il faut aller au-delà, donc au maximum, c'est-à-dire 18 mois", a-t-il ajouté.
"Si demain il y a un nouveau Mulhouse et qu'on constate qu'il y a un Algérien avec un profil très, très dangereux qui commet un acte terroriste, qu'est-ce que diront les Français?", a-t-il interrogé, en référence à l'attaque au couteau perpétrée le 22 février par un Algérien en situation irrégulière et sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
"On est comptable de cela", a estimé Bruno Retailleau, selon qui "le risque zéro n'existe pas, dans aucun pays du monde; mais à chaque fois qu'on constate qu'on a des trous dans la raquette, on doit changer la règle."
Le Sénat a d'ailleurs adopté en parallèle mercredi, en commission des Lois, la proposition mentionnée par le ministre, en se positionnant sur une durée maximale de 210 jours.
Cette disposition, si elle était définitivement adoptée, concernerait les personnes condamnées pour les crimes ou délits les plus graves et faisant l'objet d'une décision d'éloignement, ainsi que celles non condamnées mais constituant "une menace d'une particulière gravité pour l'ordre public".
Le texte sera examiné mardi dans l'hémicycle du Sénat, au côté d'une autre proposition de loi sur l'immigration soutenue par M. Retailleau, qui vise à conditionner l'octroi de prestations sociales aux étrangers à une durée de résidence en France d'au moins deux ans. Ce texte a lui aussi été adopté en commission mercredi.
Sur l'Algérie, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a par ailleurs déclaré mercredi que "la fameuse liste des personnes qui présentent des dangers pour notre pays va sortir dans les prochains jours", et "sera donc envoyée au gouvernement algérien avec la volonté de venir à bout de cette problématique-là".
Il s'agissait d'une promesse du gouvernement qui entend adresser une "réponse graduée" à l'encontre de l'Algérie, alors que les relations entre les deux pays sont au plus mal.
AFP / Paris (AFP) / © 2025 AFP