Au lendemain d'un naufrage qui a fait trois morts à quelques kilomètres de là, une centaine de personnes leur ont rendu hommage jeudi à Calais, "la boule au ventre" par peur de "se reréunir la semaine prochaine".
Deux hommes et une femme ont perdu la vie mercredi matin, à 2 kilomètres de Blériot-Plage près de Calais, lors d'une tentative de traversée clandestine vers l'Angleterre à bord d'une embarcation surchargée. Les circonstances du naufrage demeurent incertaines.
Après un nombre record de décès, 55 depuis le début de l'année, le long rouleau étendu au sol répertoriant les noms des centaines de personnes mortes à la frontière franco-britannique depuis 1999 est devenu trop court. Il a dû être complété depuis septembre par plusieurs feuilles volantes.
"Leurs vies comptaient. (...) Je ne sais pas comment on s'oppose à une politique qui génère la mort dans une société en paix", s'est interrogée Juliette, habitante de Calais et ex-responsable associative. "Quelles actions on mène pour ne pas se reréunir la semaine prochaine ?", a-t-elle exhorté, quelques jours après le décès d'un nourrisson kurde irakien dans un précédent naufrage meurtrier.
"Je ne suis pas croyante, mais chaque soir, dès qu'il n'y a pas de vent, je prie", a soufflé en fin de cérémonie Caroline Ndiaye, Calaisienne de 52 ans.
"On a tous et toutes la boule au ventre", assure à l'AFP Flore Judet, coordinatrice de L'Auberge des migrants.
"Rien n'est mis en place pour que les choses changent", a-t-elle ajouté, regrettant durcissement des discours politiques et "criminalisation des personnes".
L'année 2024 est la plus meurtrière depuis le début en 2018 du phénomène des small boats, ces embarcations de fortune utilisées pour tenter de rejoindre l'Angleterre, avec au moins 55 morts dans des naufrages et bousculades mortelles.
AFP / Calais (AFP) / © 2024 AFP