"C'est toujours douloureux de voir un édifice comme Notre-Dame s'écrouler sous les flammes"
Nicolas Bossard, couvreur et zingueur, revient sur son statut de compagnon du Tour de France des devoirs Unis : "Les compagnons, c'est un société qui a pour but de former des jeunes en les faisant voyager, au départ, en France. Maintenant, on s'est élargi, on va dans d'autres pays européens voire plus loin". De quand datent-ils ? "La partie légendaire voudrait nous faire remonter jusqu'au Temple de Salomon. Je dirai que l'on remonte aux cathédrales gothiques donc au moins au Moyen-Âge". Puis, il explique son métier de couvreur : "Cela consiste à mettre l'édifice à l'abri des intempéries et de pouvoir être à l'intérieur d'un établissement sans prendre l'eau. Recouvrir l'édifice d'ardoises, le zinc, le plomb pour le protéger".
Evidemment, il revient sur l'incendie de Notre-Dame de Paris : "C'est toujours douloureux de voir un établissement comme Notre-Dame ou un autre s'écrouler par les flammes. Et d'autant plus que Notre-Dame, on y est attaché car les compagnons ont travaillé dessus". Les compagnons ont aussi travaillé sur la Tour Eiffel et d'autres châteaux en France. Il explique : "Le compagnon n'est pas une entreprise, il travaille pour différentes grosses sociétés, ou petits artisans et on édifie un peu partout. On laisse nos petites empreintes dans nos travaux".
"On a dénigré la valeur de nos métiers manuels"
Y-a-t-il une crise du compagnonnage ? Nicolas Bossard de confirmer : "Oui, le couvreur est une espèce en voie de disparition. On a malheureusement mis les métiers manuels au rebus dans notre éducation. Quand on n'était pas bon à l'école, on nous disait de faire un métier manuel. On a dénigré la valeur de nos métiers. On était punis ainsi, en allant dans le bâtiment ou en cuisine. On souffre un peu de notre identité négative." Et d'ajouter que le métier n'est pas non plus mis en valeur par les entreprises via un salaire plus décent, notamment par rapport à la pénibilité des travaux. Il qu'estime qu'à Paris "un professionnel qui a plus de quinze ans de métier gagne difficilement 2.500 euros par mois."
Est-ce possible de reconstruire Notre-Dame en seulement cinq ans comme l'a annoncé Emmanuel Macron ou faudra-t-il davantage d'années ? Nicolas Bossard pense effectivement que le Président est ambitieux et qu'il a parlé avec son coeur. Et de préciser : "Les cinq ans vont peut-être servir à faire le nettoyage de tout ce qui est détruit aujourd'hui, de mettre en sécurité l'édifice, de sécher l'eau, et organiser la reconstruction, moderne ou ancienne. Pour être plus juste, il faut tabler sur quinze-vingt ans de manière à faire les choses convenablement".
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