Nicolas Hulot a demandé au préfet des Landes de "renforcer la lutte contre le braconnage du Bruant ortolan", un passereau prisé par certains gastronomes mais dont la chasse est interdite, afin d'"enrayer sa disparition", a annoncé mardi le ministère de la Transition écologique.
L'ortolan est un oiseau migrateur protégé par le code de l'environnement et classé comme espèce en danger sur la liste rouge de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Sa chasse est illégale dans l'Union européenne. Il fait cependant l'objet d'une chasse traditionnelle et controversée dans le Sud-Ouest où une certaine tolérance a longtemps été observée.
M. Hulot "a donné instruction au préfet des Landes de renforcer toutes les mesures de surveillance, de contrôle et de verbalisation, tant à l'égard des braconniers que des intermédiaires qui se livreraient à un trafic, et de n'accorder, comme l'an dernier, aucune tolérance aux pratiquants", écrit le ministère dans un communiqué.
L'objectif est de "protéger les derniers représentants de cette espèce et (d')enrayer sa disparition", explique-t-il. "La pratique du braconnage des ortolans est illégale, elle doit cesser", déclare M. Hulot, cité dans le communiqué.
"Il est surréaliste de voir que la capture de l'ortolan dans les Landes est devenue aujourd'hui la préoccupation principale de Nicolas Hulot", a réagi dans un communiqué le président du Conseil départemental des Landes, Xavier Fortinon.
"Son instruction au préfet intervient alors que la Fédération de chasse des Landes avait proposé le prélèvement de 2.000 oiseaux, en conformité avec les conclusions de l'étude du Muséum national d'histoire naturelle", ajoute M. Fortinon, qui estime que M. Hulot "ferait mieux de se préoccuper de l'avenir de nos territoires ruraux" et "des conséquences de l'annulation" par le gouvernement de crédits de l'Etat destinés aux collectivités territoriales pour 2017.
Selon une étude scientifique rendue publique en décembre 2016, 81.000 couples d'ortolans (dont 75% proviennent de Pologne) empruntent en moyenne la route atlantique passant par le sud-ouest de la France. La tendance est au déclin (-20 à -30% de 2000 à 2014). Selon la Commission européenne, la population européenne d'ortolans a diminué de 84% entre 1980 et 2012.
La chasse aux ortolans "fait courir un risque important à la survie de l'espèce alors que le milieu naturel de cet oiseau est menacé par le dérèglement climatique et l'urbanisation qui détruit son habitat", souligne le ministère. La France, qui fait l'objet d'un recours de la Commission européenne devant la Cour de justice de l'UE, risque une amende de "plusieurs dizaines de millions d'euros", rappelle-t-il.
Mets prisé notamment par François Mitterrand, l'ortolan, qui est engraissé quelques semaines, noyé dans l'armagnac puis cuisiné, est plébiscité par de grands chefs qui souhaitent une dérogation - une fois par an - à l'interdiction en vigueur pour sauvegarder cette tradition culinaire.