La cathédrale multicolore dessinée par Louise, 5 ans, tient plus du joyeux feu d'artifice que d'un incendie. Un soleil la surplombe: comme ce dessin, des milliers de messages et dons d'anonymes ont afflué dès le lendemain de l'incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019.
Dessins, cartes postales et lettres ont presque toujours accompagné les chèques, espèces et virements ayant permis de réunir 846 millions d'euros au total auprès de 340.000 donateurs de 150 pays, "l'immense majorité" représentant des "dons de particuliers allant jusqu'à 1.000 euros", selon l'établissement public chargé du chantier de restauration de la cathédrale parisienne.
"On a beaucoup parlé des grands donateurs qui ont été très généreux mais il y a eu 300.000 petits donateurs", dit à l'AFP l'animateur de télévision Stéphane Bern, à qui le chef de l'Etat Emmanuel Macron a confié une mission pour la sauvegarde du patrimoine en 2017.
"Des gens m’ont envoyé 10 euros et j’ai dû m’arranger avec les fondations pour reverser l’argent. A côté de cela, beaucoup de gens du monde entier, à commencer par le roi d’Angleterre, ont fait des dons, c’est quelque chose qui m’a vraiment impressionné", ajoute-t-il.
Louise a intitulé son dessin "Pour Notre-Dame de Paris". Elle fait partie des enfants qui ont tenu à envoyer un message d'espoir recueilli par l'un des quatre organismes chargés de cette collecte (fondation du patrimoine, fondation Notre-Dame et fondation de France, ainsi que le Centre des monuments nationaux qui ont rendu publics certains de ces témoignages).
- "Tous en nous quelque chose de Notre-Dame" -
"Même si c'est peu, c'est de bon coeur car on a tous en nous quelque chose de Notre-Dame", écrit un particulier sur un post-it collé sur son chèque. "Mon souhait (est) d'être encore sur terre pour la voir ressusciter", confesse une habitante d'Allonnes (Sarthe) dans un billet glissé avec son "humble participation".
"J'ai un petit-fils Nathan qui depuis quelques années veut à tout prix être +compagnon charpentier+. Pour lui, peut-être que ce terrible événement sera un chemin de vie et de métier", écrit une grand-mère à la Fondation du patrimoine.
Un autre se souvient de la découverte de la cathédrale en bateau-mouche lors d'un voyage scolaire et, comme beaucoup d'autres, une Parisienne confesse avoir "beaucoup pleuré de voir Notre-Dame en feu".
Dans la revue "La Fabrique de Notre-Dame", journal de bord du chantier de restauration, cinq autres personnes racontent avoir pu réunir "50 euros" car "il n'y a pas de religion, d'origine ou de classe sociale pour partager ces moments difficiles", écrit leur porte-plume.
Un autre confie aussi "suivre le chantier comme s'il s'agissait de (sa) propre maison".
- Billet de 200 -
"Je ne suis pas française, je ne suis pas catholique et pourtant mon coeur souffre de votre perte", écrit Susan Batts des Etats-Unis tandis qu'un de ses compatriotes écrit aux "Friends of Notre-Dame" (Amis de Notre-Dame) être "heureux de vous aider" et souhaiter "bonne chance depuis l'Amérique pour restaurer" la cathédrale.
De New York, Joann, dit "s'excuser de sa modeste contribution", dont le montant n'est pas révélé.
Et du Connecticut, un autre donateur évoque son "chagrin" et adresse ses "prières et pensées d'encouragement" pour la reconstruction.
Une salariée de la fondation du patrimoine se souvient avoir vu arriver "un touriste chinois avec un billet de 200 euros à la main", disant seulement "Notre-Dame" et repartant aussitôt sans laisser son nom.
"Je tenais à aider pour le patrimoine qui sera légué aux générations futures", écrit encore, comme beaucoup d'autres, un donateur français, évoquant le lien entre Notre-Dame de Paris et la France.
Beaucoup saluent aussi "les pompiers" et "les bénévoles qui recueillent les dons".
Notre-Dame de Paris doit rouvrir les 7 et 8 décembre après cinq ans d'un chantier de restauration titanesque estimé à 700 millions d'euros, financés par les dons.
Par Sandra BIFFOT-LACUT / Paris (AFP) / © 2024 AFP