Ils étaient tous deux au couronnement du roi Charles III en 2023 et s'apprêtent à participer à un autre événement historique: la soprano Pretty Yende et le pianiste Lang Lang espèrent contribuer, samedi lors de la réouverture de Notre-Dame, à un moment "d'unité" et de "rassemblement des coeurs" bienvenu.
"Je suis hyper excité", s'enthousiasme le pianiste chinois de 42 ans, qui va jouer dans la cathédrale avec l'orchestre philharmonique de Radio France dirigé par le chef vénézuélien Gustavo Dudamel, lors du concert démarrant peu après 21H00.
"Notre-Dame elle-même est une oeuvre d'art. Comme artiste, c'est encore plus fort de célébrer ce monument magnifique et sa renaissance", ajoute le virtuose, qui se trouvait à Paris lorsque le monument gothique avait été partiellement ravagé par les flammes, le 15 avril 2019.
Il avait, deux jours plus tard, pris part à une soirée d'artistes en faveur de la reconstruction.
"Samedi soir, ça va être un grand événement permettant de rassembler les coeurs". Nous en avons particulièrement besoin en cette période", estime le musicien, qui s'est d'abord fait un nom avec les grands compositeurs romantiques. En 2020, après 27 ans de travail, il a enregistré sa version des "Variations Goldberg" de Bach, l'une des pièces les plus difficiles du répertoire.
Il avait déjà visité la cathédrale, "mais je n'ai jamais joué dedans. Ce sera la première fois", dit-il, confiant "avoir hâte" d'être au jour de cet "événement mondial".
"Pour un artiste, il n'y a pas de ville plus inspirante que Paris !" lance cet amoureux de la capitale française, qui s'est marié à Versailles. "Quand je suis en tournée en Europe, je viens souvent à Paris."
- "sacré et précieux" -
De son côté, la soprano sud-africaine Pretty Yende garde "jusqu'au jour J la surprise" de l'oeuvre et du compositeur qu'elle interprètera "dans la cathédrale, avec un orchestre".
La charismatique chanteuse lyrique, sollicité aux quatre coins du monde, dit se sentir à la fois "honorée" et "redevable de participer à quelque chose de si sacré et précieux".
Le moment est doublement fort pour elle qui, croyante, a grandi au sein d'une famille "qui chantait toujours des chants religieux à la maison". "C'est beaucoup d'émotion pour moi en tant que chrétienne", car "ma foi, c'est mon rocher, ce sont mes racines, c'est ma colonne vertébrale". "Sans ça, la chanteuse Pretty Yende n'existerait pas".
Elle goûte aussi sa chance de "donner de la voix pour ce moment" et de "prendre part à quelque chose qui tient véritablement du miracle", après que "tout le monde a mis son coeur et ses mains dans la rénovation de cette maison de Dieu", déclare-t-elle.
Connue notamment pour son timbre lumineux dans le répertoire du bel canto, l'artiste de 39 ans fera ses débuts dans le baroque avec l'opéra "Semele" de Haëndel en février prochain au Théâtre des Champs-Elysées. Elle aussi amoureuse de Paris, elle était en répétition à Paris le soir de l'incendie. "Mon coeur a littéralement saigné", se souvient-elle.
Pretty Yende espère un moment de rassemblement, de "paix et d'unité", "surtout avec toutes les guerres qui se déroulent actuellement dans le monde." "Même si la situation est difficile, en tant que communauté humaine, nous pouvons nous retrouver et réussir, espérons-le, à rendre le monde meilleur".
Par Karine PERRET / Paris (AFP) / © 2024 AFP