"J’étais trop bavarde selon Emmanuel Macron, et je raconte dans le livre que si on m’avait dit à l’époque qu’un de mes camarades de promotion allait devenir président de la République avant ses 40 ans, honnêtement je n’y aurais absolument pas cru". Ancienne camarade d’Emmanuel Macron à Sciences Po, Anne-Sophie Beauvais se souvient encore d’un élève "plutôt très studieux, très sérieux". "C’était incontestablement l’un des élèves les plus brillants de notre promotion. On savait tous qu’il irait très loin. On n’était pas sûrs qu’il aille en politique, parce qu’à l’époque il n’était pas engagé politiquement", ajoute-t-elle au micro de Sud Radio.
Dans son livre On s’était dit rendez-vous dans vingt ans, celle qui est également rédactrice-en-chef du magazine Émile dépeint les ambitions d’une génération qui s’est connue sur les bancs de l’université avant de prendre le pouvoir aujourd’hui : Emmanuel Macron, Hugues Renson (vice-président de l’Assemblée nationale), Matthieu Laine (économiste), Natacha Polony (éditorialiste), Gaspard Gantzer (conseiller en communication de François Hollande à l’Élysée), Étienne Gernelle (directeur du Point)... "Ma génération a commencé à pousser les portes. Je constate aussi qu’une génération s’en va, les baby-boomers de 1968, et commence à quitter la scène. Entre les deux, la génération des quinquas est sacrifiée. J’ai le sentiment que notre génération a une vraie volonté d’agir et de transformer la société. On ressentait une forme d’impuissance politique jusque là", indique-t-elle.
"On a le sentiment d’un héritage un peu lourd de cette génération"
"J’ai beaucoup parlé avec mes camarades de promotion pour ce livre, et c’est vrai qu’on a un jugement assez sévère sur la génération des baby-boomers. On a le sentiment d’un héritage un peu lourd de cette génération, qui a été très soucieuse d’elle-même et peut-être un tout petit peu moins de ses enfants et petits-enfants. Tous les modèles des Trente Glorieuses commencent à être un peu datés, c’est peut-être à notre génération de penser à transformer ces modèles économiques et sociaux", insiste Anne-Sophie Beauvais.
Alors qu’aujourd’hui, certains observateurs se plaignent d’une société où il y aurait de plus en plus d’interdits, Anne-Sophie Beauvais évoque, là aussi, la responsabilité de la génération des baby-boomers. "Nous sommes une génération charnière. On a hérité de cet ancien monde, un monde dans lequel il y avait pas mal de libertés, et on a aujourd’hui de moins en moins de libertés. Le journaliste Alfred de Montesquiou a une thèse assez sévère qui dit que plus la génération des baby-boomers a avancé en âge, plus elle a imposé ces règles au reste de la société. Par exemple, quand elle a commencé à s’inquiéter pour sa santé, on a commencé à interdire de fumer dans les lieux publics", souligne-t-elle.
Réécoutez en podcast l’interview d’Anne-Sophie Beauvais dans le Grand Matin Sud Radio