Près de 2500 migrants ont été évacués vendredi matin de campements sauvages installés depuis plusieurs semaines porte de La Chapelle, dans le nord de Paris, la 35e opération du genre en deux ans dans la capitale.
Peu après 6h, sous la pluie, 350 policiers rassemblaient les migrants présents, sac au dos ou petit sac de voyage avec eux, avant qu'ils ne soient évacués à bord d'une trentaine de bus.
À la veille de l'opération, ils étaient "plus de 1000", selon le directeur général de l'association France Terre d'Asile, Pierre Henry, dans ces campements insalubres disséminés sous l'autoroute ou le long des boulevards extérieurs aux alentours du centre humanitaire qui a ouvert en novembre porte de la Chapelle, dans le 18e arrondissement de la capitale.
Originaires essentiellement d'Afghanistan, du Soudan, de Somalie et d'Érythrée, ces migrants sont revenus s'installer près du centre après la dernière opération d'évacuation -une des plus importantes menées depuis deux ans- qui avait concerné 2800 personnes le 7 juillet.
Ces campements illicites "présentent des risques importants pour la sécurité et la santé de leurs occupants comme des riverains", ont expliqué dans un communiqué les préfectures de police et d'Île-de-France.
18 gymnases mobilisés
"On nous a pas dit où on allait", lâche Ali, un Soudanais de 24 ans, dans la file d'attente du dispositif de filtrage mis en place par les autorités.
Ils seront acheminés vers un des 18 gymnases de région parisienne mobilisés. "Plus de 2 000 places d'hébergement ont été prévues", a déclaré Didier Leschi, directeur général de l'Office français de l'Immigration et de l'Intégration (Ofii).
Les migrants "feront l'objet d'un examen complet et approfondi de leur situation administrative" et seront orientés en fonction "dans des structures d'hébergement adaptées à leur situation", affirment les autorités dans leur communiqué.
"Les primo-demandeurs d'asile seront orientés dans le dispositif national afin de poursuivre leur démarche en France. Les personnes connues dans un autre État membre seront prises en charge temporairement le temps que soit organisé leur retour vers cet Etat membre, qui a seul vocation à instruire leur demande d'asile. Les personnes déboutées du droit ou en situation irrégulière auront vocation à être reconduites à la frontière", détaillent-elles.
Le gouvernement a présenté mi-juillet un "plan migrants" qui prévoit plus de 12 000 places d'hébergement pour les demandeurs d'asile et les réfugiés.
Dénoncé par les associations comme un "énième ajustement d'une politique sans cap", il prévoit notamment des efforts sur l'intégration et de ramener les procédures de demandes d'asile de 14 à six mois, et un durcissement des renvois pour les déboutés.
Fin juillet, Emmanuel Macron avait déclaré qu'il ne voulait "plus personne dans les rues, dans les bois" d'ici "la fin de l'année". "La première bataille : loger tout le monde dignement. Je veux partout des hébergements d'urgence. Je ne veux plus de femmes et hommes dans les rues", avait-t-il dit. Un projet de loi doit également être présenté en septembre.
L'ouverture du centre de la Chapelle en novembre 2016 (400 lits et 12 000 personnes hébergées depuis), dans la foulée de l'évacuation du gigantesque campement de la rue à Stalingrad à Paris, devait empêcher la reconstitution de ce genre de campement.
Mais le dispositif, unique en France, peine à absorber les nouveaux arrivants au rythme actuel.
La maire de Paris Anne Hidalgo avait tiré la sonnette d'alarme en juin, estimant que "plusieurs milliers de migrants" risquaient de dormir dans les rues de Paris si plus de places d'hébergement n'étaient pas créées. Elle avait entre autres plaidé pour la création de nouvelles places d'hébergement "sur toute la France".