"Les militaires n’avaient pas à faire cela"
Dans son livre, il évoquait la situation déjà difficile dans les cités. Comment Bruno Pomart, ancien policier du Raid, a-t-il réagi aux deux tribunes de militaires diffusées via Internet ? "Rien de nouveau, tout ce qui est dit est connu, estime celui qui est maire de la commune de Belflou (Aude) et auteur de Flic d'élite dans les cités (2009, Anne Carrière). Ce positionnement des militaires, ce n’est pas leur genre. Ce n’est pas leur rôle que de faire de la politique. Je pense que les militaires n’avaient pas à faire cela. Cela rend la situation encore plus anxyogène."
Le fait d’utiliser le terme de « guerre civile » met-il de l’huile sur le feu ? "Complètement, on sait qu’il y a de plus en plus de problèmes, reconnaît-il. Mais il y a plus de 34.000 communes en France, il n’y a pas le feu partout. Il faut être mesuré : on sait que les problèmes sont graves, il faut les prendre à bras le corps. La police y travaille, mais elle ne pourra pas le faire toute seule."
"Les militaires méritent mieux que de s'afficher devant les politiques. Ça rend la société encore + anxiogène. Il n'y a pas le feu dans les 34 000 communes de France !"
La réaction à la #TribuneDesMilitaires de l'ancien policier du RAID, @PomartB, sur #SudRadio 📢 pic.twitter.com/IgVX2UzqzB
— Sud Radio (@SudRadio) May 11, 2021
" Il ne faut pas que l’État lâche prise"
Les problèmes d’insécurité se sont-ils aggravés ? "Des violences, il y en a toujours eu, estime l’ancien policier du Raid. Des émeutes urbaines, j’en ai connu en 1995, il y a 25 ans, quand je travaillais dans les quartiers. Maintenant, c’est exacerbé par les médias et les réseaux sociaux. Mais les violences sont de plus en plus fortes, et on n’a plus peur de s’en prendre au policier. Abattre un policier, c’est du jamais vu. Quelles sont les solutions ? Faut-il plus d’effectifs de police ou une police de proximité ?"On attend tout de la police. On se trompe de voie. C’est une réponse globale, sociale, pas seulement répressive.
"Les maires devraient être attentifs à cela. Il faut taper très fort sur ceux qui envoient des feux d’artifices, sur les dealers. Il ne faut pas que l’État lâche prise, mais dans la plupart de ces villes, tous les dispositifs associatifs ont disparu. Comment se fait-il qu’il n’y ait pas un éducateur et un médiateur dans le quartier ? On peut nettoyer le quartier, tout remettre d’équerre, mais pour les jeunes, cela deviendra presque un jeu. Il y a un travail sociétal à faire. Les résultats ne sont pas toujours évidents, mais vous pouvez mettre 30.000 policiers sur le terrain, ça ne changera pas."
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