Olivier Mannoni, traducteur de la réédition française de Mein Kampf, est revenu au micro d’André Bercoff sur cette réédition aux Éditions Fayard sous le titre de Historiciser le mal, une édition critique de Mein Kampf.
Olivier Mannoni : "Il a peur de perdre toute autorité sur son mouvement"
En 2021, les éditions françaises Fayard ont publié une nouvelle édition du manifeste d’Adolf Hitler : Mein Kampf, Mon Combat en français. Cette édition ne se veut pas être une seule traduction de la doctrine nazie mais une édition critique publiée sous le nom Historiciser le mal, une édition critique de Mein Kampf. Olivier Mannoni, traducteur, de cette nouvelle édition revient d’abord sur la Genèse de Mein Kampf rédigé par Hitler pendant son incarcération à la prison de Landsberg en Bavière.
Olivier Mannoni explique alors que l’histoire de Mein Kampf, commence en 1923, "avec la tentative de putsch que Hitler va mener à Munich", l’échec de ce dernier va le conduire "directement à Landsberg en Bavière où il va purger plusieurs années de prison". À ce moment, Hitler est déjà le leader du NSDAP, Parti socialiste national des travailleurs allemands, qui est tout petit mais "est susceptible de fédérer un certain nombre de courants". C’est la peur de perdre son autorité sur le parti qui va pousser Hitler à rédiger son manifeste, son combat.
La rédaction se fera en deux parties et à deux moments distincts, explique Olivier Mannoni. "La première partie écrite en 1924 durant son emprisonnement à Landsberg, qui est plutôt autobiographique, à la fois sur sa personne et sur l’histoire du parti nazi. Et la seconde, à sa sortie en 1925, qu’il dicte et qui s’avère être la partie théorique de la doctrine nazie. Le livre sort alors au début de l’année 1926."
"J’ai travaillé quasiment huit ans sur la traduction de ce texte"
À sa sortie en 1926, le livre n’est pas un succès, comme l’explique Olivier Mannoni, "entre 1926 et 1930, il s’en vend un tout petit peu plus que 10.000 exemplaires, donc c’est très peu". Le succès du livre va commencer au moment des premières victoires électorales du NSDAP puis après l’ascension d’Hitler au pouvoir. "À la fin de la guerre, on atteint des tirages absolument phénoménaux, 12,5 millions d’exemplaires" de Mein Kampf, raconte Olivier Mannoni qui ajoute : "Il faut aussi savoir qu’à partir d’un certain moment, il est donné à tous les jeunes mariés en Allemagne, puisque c’est quelque chose que l’on doit avoir chez soi. Cela devient le cadeau de mariage officiel du régime."
Pour Olivier Mannoni, la traduction de Mein Kampf a été un travail titanesque : "J’ai travaillé quasiment huit ans sur la traduction de ce texte, deux ans tout seul puis ensuite, j’ai eu la chance de travailler avec l’équipe des historiens qui encadraient" le projet de critique du livre. Huit années de traduction essentiellement dues au style d’Adolf Hitler : "C’est un texte qui est illisible. Tous les Allemands de l’époque le savaient, c’est un texte qui est extrêmement difficile à lire, extrêmement mal écrit, avec une écriture dont la première caractéristique est d’être surchargée." Outre cela, il y a tout le travail de compréhension et d’analyse qui font du projet, un projet de longue haleine.
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