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Oscars: "Emilia Perez" sur un chemin de croix

La route vers les Oscars est plus raide que prévu pour "Emilia Perez" du Français Jacques Audiard, qui voit se multiplier les obstacles avec une nouvelle polémique autour de son actrice principale, Karla Sofia Gascon.

Raul ARBOLEDA - AFP

La route vers les Oscars est plus raide que prévu pour "Emilia Perez" du Français Jacques Audiard, qui voit se multiplier les obstacles avec une nouvelle polémique autour de son actrice principale, Karla Sofia Gascon.

Cette comédie musicale en espagnol, sur la transition de genre d'un narcotrafiquant mexicain, volait de succès en succès depuis sa présentation au printemps dernier en compétition officielle au Festival de Cannes, où elle a décroché le prix du jury et un prix d'interprétation collective pour ses quatre actrices principales.

Le film a aussi raflé quatre trophées aux Golden Globes début janvier, dont le prix de la meilleure comédie et celui du meilleur film international.

Son parcours hors du commun a culminé fin janvier avec ses 13 nominations aux Oscars, un record pour une production non anglophone, où figurent celles du meilleur réalisateur pour Jacques Audiard, 72 ans, et du meilleur film.

Mais, depuis, rien ne va plus pour le porte-drapeau du cinéma français.

- Messages sur les réseaux -

Dernier heurt en date, une polémique autour de Karla Sofia Gascon, elle-même transgenre, nommée pour l'Oscar de la meilleure interprétation féminine.

Au vu du parcours de l'Espagnole de 52 ans, qui a fait sa transition de genre à 46 ans et a dénoncé les campagnes de "haine" essuyées à ce sujet, un trophée serait historique.

Mais ses chances face à Demi Moore, nommée pour son rôle dans "The Substance", semblent fondre depuis que d'anciens messages postés sur les réseaux sociaux ont été exhumés.

L'actrice espagnole Karla Sofia Gascon arrive à la cérémonie de remise des Golden Globes à Beverly Hills (Californie) le 5 janvier 2025

L'actrice espagnole Karla Sofia Gascon arrive à la cérémonie de remise des Golden Globes à Beverly Hills (Californie) le 5 janvier 2025

Etienne LAURENT - AFP

Elle y qualifie l'islam de "foyer d'infection pour l'humanité" et raille la diversité dans le divertissement ou encore le mouvement anti-raciste après la mort de George Floyd, un Noir américain tué par la police en 2020.

L'affaire a conduit Netflix, qui gère la campagne du film pour les Oscars, à prendre ses distances et à l'actrice retirer de toutes ses campagnes, selon The Hollywood Reporter et Variety.

Alors que la saison des récompenses bat son plein à Hollywood, la comédienne ne participera plus, comme prévu, à divers événements comme le gala des Critics Choice Awards vendredi, ont aussi rapporté ces magazines spécialisés.

Une page du site de Netflix promouvant le film contient désormais, en lieu et place de Karla Sofia Gascón, une image de Zoe Saldaña, nommée dans la catégorie meilleure actrice dans un second rôle.

Contacté par l'AFP, la plateforme s'est refusée à tout commentaire.

Rattrapée par ses publications, l'actrice a présenté ses excuses, "en tant que membre d'une communauté marginalisée", dans un communiqué transmis par Netflix.

Sur son compte Instagram, elle a plaidé sa cause. "Ces derniers jours, j'ai traversé des montagnes russes émotionnelles (...) On veut m'appliquer la +cancel culture+", a-t-elle écrit.

- "Vision psychopathologique" -

"Pendant un temps, je me suis sentie perdue dans ma transition, cherchant l'approbation dans le regard des autres. Mais aujourd'hui, je sais enfin qui je suis. Je ne cherche que la liberté d'exister sans peur, de créer de l'art sans barrières et d'avancer avec ma nouvelle vie", a-t-elle ajouté.

Par ailleurs, le film ne fait pas l'unanimité dans la communauté queer, l'intellectuel Paul B. Preciado l'ayant qualifié de "vision psychopathologique de la transition du genre" dans le quotidien français Libération.

Le Français Jacques Audiard, réalisateur du film "Emilia Perez", lors d'une interview avec l'AFP à Bogota le 18 janvier 2025

Raul ARBOLEDA - AFP

Au Mexique, certains lui ont reproché - souvent avant même sa sortie en salle - de véhiculer des clichés sur le pays et de s'approprier avec trop de légèreté les tragédies liées au narcobanditisme.

"Il y a ceux qui ont vu le film et ceux qui n'ont pas vu le film", avait répondu Jacques Audiard à l'AFP fin janvier. "Mes intentions me semblent vertueuses mais je remarque un problème là-bas." "Le trafic de drogue, on peut aussi ne pas en parler! Mais ça me tenait à cœur, je l'ai peut-être fait maladroitement", avait-il ajouté.

Sur le site spécialisé IMDb, les critiques du public, américain et mexicain surtout, sont désormais au plus bas.

"C'est une campagne très solide qu'il faut mener", martelait le réalisateur d'"Un prophète" ou "De battre mon cœur s'est arrêté" face à l'AFP, juste après ses 13 nominations, devançant "The Brutalist" avec Adrien Brody. Il lui reste encore un mois pour redresser la barre avant la 97e cérémonie des Oscars, à Los Angeles, le 2 mars.

Par Francois BECKER avec le bureau de Los Angeles de l'AFP / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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