Ce serait une première depuis 12 ans. Désormais ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot a réaffirmé son souhait de réintroduire à l’automne prochain deux ours dans le massif des Pyrénées, une volonté qu’il exprimait déjà l’an dernier en tant que président de la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH). Mais ce lâcher de deux spécimens mâles dans le massif pyrénéen ne fait pas l’unanimité, loin de là. Éleveur et berger dans l’Ariège, François Thibault ne cache pas son étonnement après cette annonce.
"La décision était dans les tuyaux depuis longtemps mais on ne pensait pas qu’il avait décidé de passer à l’acte parce qu’on a actuellement des pertes énormes : 1200 bêtes pour l’été 2017. Le ministère de l’Écologie avait promis une mission d’expertise (car il n’y a plus de plan ours depuis 2009) pour faire un état des lieux de la situation. Cette expertise n’a toujours pas démarré ! On a des ours depuis 20 ans, on a mis en place des dispositifs de protection des troupeaux, et on a des dégâts qui restent énormes ! On n’arrive pas à limiter la prédation sur les troupeaux…", s’alarme-t-il au micro de Sud Radio.
Celui qui est également à la commission Prédation de la Confédération Paysanne ne voit par ailleurs pas l’intérêt d’une réintroduction artificielle d’ours dans les Pyrénées. "Cette réintroduction, pour nous c’est un coup de com’ parce que les ours essaiment actuellement vers l’est des Pyrénées – un ours a été pris en photo cet été dans les Pyrénées-Orientales – mais aussi vers l’ouest, puisqu’il y a davantage d’ours depuis 2017 dans le massif des Hautes-Pyrénées, avec les dégâts qui vont avec. Il suffit que les Béarnais attendent un ou deux ans, et il y aura des ours dans toutes les Pyrénées. Réintroduire deux ours dans le Béarn n’a donc aucun sens et ne causera que des problèmes, car la capture et le lâcher d’un ours est un événement très traumatisant pour la bestiole", assure-t-il.
Propos recueillis par Fany Boucaud