Ce sont 322 parties civiles qui attendent depuis plus de six ans d’obtenir réparation. Lionel Guedj est accusé de s'être enrichi sur le dos de la Sécurité sociale en pratiquant des opérations injustifiées.
"Je ne pourrai jamais refaire ma vie avec une bouche comme ça"
Comme la plupart des victimes du docteur Guedj, Saléa n’avait pas de gros problèmes aux dents, seulement un bridge défectueux. Mais le dentiste ne s’est pas contenté de cette simple intervention.
"Il m’a dit : 'si je te fais la facette, il faut enlever le bridge. Et si j’enlève le bridge, toutes les dents d’à côté vont tomber. Je suis donc obligé de tailler les dents'. Quand il a commencé à tailler, il a taillé le haut, le bas, toute la bouche. Il m’a charcutée, il m’a tuée, il m’a gâché la vie. J’avais des dents correctes. Aujourd’hui, je ne peux pas manger de cacahuètes, je ne peux pas manger de pommes. Le bridge bouge et va se détacher. Je ne pourrai jamais refaire ma vie avec une bouche comme ça. Quand je souris, je souris à peine, ou alors je dois mettre la main sur la bouche".
"Tout le patrimoine de Lionel Guedj est dispatché dans des sociétés qui ne lui appartiennent pas"
Avec jusqu’à 70 patients par jour, en quelques années, ces opérations totalement injustifiées ont fait de Lionel Guedj le dentiste le mieux payé de France. Yacht, voiture de luxe, 10 millions d’euros de biens immobiliers… Mais pour les 322 parties civiles, la certitude d’obtenir réparation n'est absolument pas gagnée, déplore Maître Febbraro, qui représente une dizaine de victimes.
"On attend une condamnation. Et ce que j’attends surtout, c'est qu’enfin quelqu’un se saisisse de cette catastrophe sanitaire. C’est-à-dire, le fonds de garantie qui refuse de nous indemniser depuis une décennie. Pour le croire, il faut quand même le lire : ils invoquent la présomption d’innocence de Lionel Guedj. La CPAM doit aussi nous dire si les soins que les gens attendent seront pris en charge et remboursés par la Sécurité sociale. Les gens ont été abandonnés et livrés à eux-mêmes. Quant à Lionel Guedj, il a pris la précaution, avant même de commettre les faits, de mettre tout son patrimoine à l’abri. Tout est dispatché dans des sociétés qui ne lui appartiennent pas, qui sont dirigées par son épouse. On a déjà la CPAM qui réclame 2 millions d’euros. Et on a plus de 300 parties civiles", explique l’avocat.
Lionel Guedj comparaît avec son père, lui aussi dentiste. Les deux hommes encourent jusqu’à dix ans de prison.
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