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Paris: évacuation sous tension des jeunes migrants occupant la Gaîté lyrique

Gaz lacrymogène, coups de matraque et cris de protestation: les forces de l'ordre ont procédé mardi matin à l'évacuation sous tension de la Gaîté lyrique, lieu culturel au cœur de Paris occupé depuis plus de trois mois par des centaines de jeunes migrants.

Thibaud MORITZ - AFP

Gaz lacrymogène, coups de matraque et cris de protestation: les forces de l'ordre ont procédé mardi matin à l'évacuation sous tension de la Gaîté lyrique, lieu culturel au cœur de Paris occupé depuis plus de trois mois par des centaines de jeunes migrants.

"Les personnes ont été évacuées et les manœuvres se sont déroulées dans des conditions satisfaisantes malgré quelques tensions qui ont conduit à un usage ponctuel et proportionné de la force", a indiqué la préfecture de police de Paris dans un communiqué.

Au total, 46 personnes ont tout de même été interpellées lors de l'évacuation, a indiqué le préfet de police Laurent Nuñez. Une pour "outrage et rébellion", les autres vont faire l'objet de "vérifications administratives" et seront "placées en rétention administrative", a-t-il détaillé.

Vers 6H00, CRS et gendarmes mobiles ont forcé les cordons formés devant la Gaîté par plusieurs dizaines de militants dans un climat houleux, selon des journalistes de l'AFP sur place.

Les forces de l'ordre sont ensuite entrées dans l'édifice situé dans le 3e arrondissement, selon une reporter, qui a vu de jeunes migrants sortir du bâtiment avec leurs affaires.

Peu avant 9H00, les forces de l'ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants encore présents près du bâtiment, selon un journaliste de l'AFP.

- "Panique" -

"Il y a eu une panique et un mouvement de foule, de jeunes migrants et des militants sont tombés par terre, se sont fait marcher dessus", a témoigné David, un militant qui n'a pas donné son nom, évoquant "plusieurs blessés".

Il y a eu "neuf blessés", a indiqué Laurent Nuñez. Parmi eux, six migrants dont l'état ne nécessitait pas de prise en charge. Trois autres blessés ont été pris en charge: un migrant, un CRS, et un journaliste blessé légèrement au genou.

Un dispositif de sécurisation restera en place "dans les jours qui viennent", a-t-il ajouté.

La députée de gauche radicale Danielle Simonnet, présente lors de l'évacuation, a dénoncé une "intervention extrêmement violente".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a salué sur X la fin de cette "situation inacceptable". "L'Etat a pris ses responsabilités (...) malgré la réticence de la Mairie de Paris propriétaire des lieux, à demander cette expulsion".

Le préfet de police avait pris lundi un arrêté ordonnant l'évacuation du lieu occupé depuis le 10 décembre par des migrants venus notamment d'Afrique subsaharienne - jusqu'à 450 environ - demandant à être hébergés et affirmant être des mineurs devant être reconnus comme tels. Une minorité que contestent la mairie et la préfecture de région.

Une foule fait face aux autorités à la suite d'un ordre de la police d'évacuer la Gaîté Lyrique, une salle de spectacle parisienne occupée depuis trois mois par 450 jeunes migrants, à Paris le 18 mars 2025

Une foule fait face aux autorités à la suite d'un ordre de la police d'évacuer la Gaîté Lyrique, une salle de spectacle parisienne occupée depuis trois mois par 450 jeunes migrants, à Paris le 18 mars 2025

ALAIN JOCARD - AFP

Le préfet a invoqué un "trouble à l'ordre public" pour justifier l'évacuation, promettant des solutions d'hébergement pour les jeunes migrants, ainsi que l'examen de leur situation administrative.

Des agents de la préfecture d'Île-de-France chargés de l'hébergement d'urgence sont venus mardi matin à la rencontre des migrants, a constaté un journaliste de l'AFP.

Mais "la plupart ont refusé les solutions de prise en charge qui étaient proposées", a assuré M. Nuñez, affirmant que seuls six migrants avaient accepté une solution d'hébergement.

- "On est venus pour s'intégrer" -

"Je dois aller à l'école ce matin, à 10H00. Je sais pas quoi dire à mon prof, il faut que je lui laisse un message pour dire que je serai pas là aujourd'hui", a témoigné auprès de l'AFP un jeune migrant, Adama, se présentant comme un Ivoirien âgé de 15 ans.

"Nous on tue pas, on vole pas. On est venus pour s'intégrer", a-t-il fait valoir.

Le 10 décembre, un premier groupe d'environ 200 jeunes migrants rassemblés dans le "Collectif des jeunes du parc de Belleville" s'était installé à la Gaîté lyrique.

L'établissement avait annulé sa programmation culturelle depuis le 17 décembre, se disant compréhensive et dénonçant "à la fois l'occupation et l'inaction des autorités".

Depuis le début de l'occupation, la mairie et l'Etat se sont renvoyé la balle. Saisi par la Ville de Paris, le juge des référés du tribunal administratif avait ordonné le 13 février l'évacuation dans un délai d'un mois.

Une banderole noire ornait toujours mardi la façade du bâtiment, au-dessus de l'entrée: "Gaîté lyrique occupée. 400 vies en danger, 80 emplois menacés". Les salariés l'ont accrochée avant de partir le 26 février, exerçant leur droit de retrait.

Une foule s'oppose aux autorités après qu'un ordre de la police a été donné d'évacuer la Gaîte Lyrique, une salle de spectacle parisienne occupée pendant trois mois par 450 jeunes migrants, à Paris le 18 mars 2025

Une foule s'oppose aux autorités après qu'un ordre de la police a été donné d'évacuer la Gaîte Lyrique, une salle de spectacle parisienne occupée pendant trois mois par 450 jeunes migrants, à Paris le 18 mars 2025

ALAIN JOCARD - AFP

La Gaité lyrique a "porté plainte le 10 février contre X, dénonçant notamment des dégradations de biens et des messages malveillants", a appris mardi l'AFP de source proche du dossier.

Cette occupation était devenue emblématique des tensions sur la question migratoire entre militants de gauche radicale, soutenant les exilés, et une extrême droite hostile à leur accueil en France.

Le 28 février, le milliardaire Elon Musk avait relayé sur X un article du journal britannique Daily Mail sur cette occupation, fustigeant une "empathie suicidaire" menaçant selon lui la "civilisation".

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Par Ambre BERTOCCHI, Antoine BOYER / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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