"Un projet de loi pas très réaliste"
Écarter du marché de la location les logements qui sont des passoires thermiques, tel est l’objectif d’un nouveau projet de loi. Va-t-il dans le bon sens ? "L’intention est quand même assez louable, estime Corinne Jolly, présidente de PAP, de Particulier à Particulier. Le logement est un gros facteur de pollution, de consommation énergétique. C’est un vrai sujet. Ce projet de loi est ambitieux : on parle de la rénovation de plusieurs millions de logements d’ici à 2034."
"Maintenant à mon sens, il n’est pas très réaliste. On fait comme d’habitude en écologie : on fixe des objectifs énormes et plus on est loin dans le temps, plus l’objectif est incroyable. Comme cela, on a le sentiment d’avoir fait un vrai beau projet de loi. Mais le problème est que, derrière, on s’habitue à ce que les objectifs économiques ne soient pas atteints."
"Beaucoup de logements en copropriété"
Qu’est ce qui ne va pas dans ce projet ? "D’abord, il y a un problème financier. La rénovation énergétique coûte très cher. On ne parle pas de changer des fenêtres, mais de grosses rénovations, d‘isolation par l’intérieur ou l’extérieur. Les aides ne suffiront pas, les propriétaires bailleurs devront sortir 10.000 à 15.000 euros. Ce n’est pas rentable, ils ne s’y retrouveront ni dans les loyers, ni dans les économies d’énergie. Soit on augmente les aides, soit l’on imagine des dispositifs d’incitation fiscale."
À cela s’ajoutent d’éventuels problèmes juridiques. "Beaucoup de ces logements sont en copropriété, souligne la présidente de Particulier à Particulier. Vous ne pouvez pas faire un ensemble de travaux autrement qu’à l’échelle de la copropriété. Vous n’avez pas la main si elle n’est pas d’accord pour le faire. Où est-ce que l’on met le locataire pendant ce temps-là ?" La première échéance pour les logements en catégorie G est prévue pour 2025, dans quatre ans. "A-t-on les ressources ?, interroge Corinne Jolly. Il faut des entreprises habilitées à faire de la rénovation énergétique, et il y a eu beaucoup d’arnaques, des gens qui vous disent que vous allez gagner des classes d’énergie. C’est un sujet assez technique, je ne suis pas sûre que l’on puisse effectuer, pour 2025, 700.000 rénovations énergétiques. Ce ne sont pas de petits travaux, il faudra les effectifs pour les faire, que les entreprises recrutent et forment."
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