Laboratoires pharmaceutiques : "Certains abandonnent des traitements essentiels pour les malades"
Pourquoi constate-t-on des pénuries de médicaments ? Quelle est la responsabilité des laboratoires ? "Il y a de plus en plus de pénuries de médicaments, décrypte Julie Lotz, journaliste-réalisatrice du documentaire "Pénuries de médicaments : à quoi jouent les labos ?", diffusé dans Complément d’enquête. Nous sommes partis d’un constat simple : il y en avait 89 il y a dix ans, contre 2.446 signalements de rupture l’an passé."
Les raisons de ces pénuries sont multiples. "Nous avons découvert, après une longue enquête de plus d’un an, un manque de stock criant, dans les hôpitaux comme dans les laboratoires. Les laboratoires viennent d’ailleurs d’être contraints par décret à constituer des stocks. Quand bien même ces laboratoires feraient de stocks, certains industriels abandonnent des traitements essentiels pour les malades. Nous espérons une prise de conscience des pouvoirs publics suite à ce documentaire."
Pénuries : "que de médicaments d’intérêt thérapeutique majeur"
Pire encore : "Nous avons mis au jour qu’un laboratoire a tout simplement organisé une pénurie pour faire monter le prix de ses traitements dans 25 pays de plus de 1.500% !", explique l’auteure de ce documentaire choc. S’agit-il de médicaments du quotidien, ou destinés à des opérations plus délicates ? "Quand on parle de rupture, on ne parle que de médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, des médicaments pour lesquels il existe un vrai risque vital pour le patient s’il en manque : des anti-infectieux, des médicaments du système nerveux, des anti-cancéreux…"
Que répondent les laboratoires ? "Ils ne répondent pas toujours, regrette Julie Lotz. Un seul laboratoire nous a ouvert ses portes. Celui qui a fait ce chantage pour monter ses prix ne nous a jamais répondu. La Commission européenne l’a contraint à baisser ses prix en mars dernier. Ce sont des laboratoires internationaux. C’est assez compliqué d’agir au niveau national. Il faut agir au niveau mondial ou européen. Le ministère de la Santé et la Direction Générale de la Santé n’ont pas souhaité participer à ce documentaire et aux plateaux, ce qui est un problème."
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