Perrine Goulet : "Une majorité non négligeable d'enfants placés finissent à la rue"
Le sujet de l'aide sociale à l'enfance lui tient à coeur : Perrine Goulet a elle-même grandi à la DDASS. C'est un sujet très sensible en France. "On voit bien que l'aide sociale à l'enfance, qui est censée protéger les enfants, pour certains la mécanique s'enraie. On a des échecs au niveau de la politique de l'enfance, avec un taux d'échec aux études, une majorité non négligeable qui finissent à la rue. Dans le cadre de la décentralisation, on a laissé cette politique aux départements, on les laisse un peu tout seuls. Beaucoup de départements nous ont fait part de la nécessité d'avoir l'État auprès d'eux pour les aider.
Aujourd'hui, on constate beaucoup de ruptures de parcours : les enfants ne restent pas vraiment dans la même famille d'accueil ou dans le même foyer. Ils sont fréquemment ballottés entre plusieurs institutions, ce qui ne leur permet pas de se poser, de s'attacher".
Beaucoup de personnes qui travaillent dans ce secteur ne veulent surtout pas que les enfants et les familles s'attachent véritablement. "Pendant des années, on a indiqué aux travailleurs sociaux qu'il ne fallait surtout pas s'attacher à ces enfants. On leur demande d'inverser leur mode de fonctionnement, car il a été démontré qu'un enfant qui ne pouvait pas avoir de lien d'attachement ne pouvait pas grandir sereinement et se construire. Il faut que les personnes qui les encadrent aient un minimum d'attachement avec eux".
"Une mission spécifique sur l'adoption est menée"
D'où viennent ces enfants qui bénéficient aujourd'hui de l'aide sociale à l'enfance ? "Une première population constituée par des enfants qui n'ont pas de parents, appelés plus fréquemment les pupilles de l'État, placés en attente éventuellement d'adoption, et tous les enfants qui relèvent d'incompétence parentale. Il faut qu'on accompagne les parents, en leur donnant des objectifs, et qu'on les aide à récupérer leurs enfants. Il y a aussi les enfants de parents en incapacité de s'en occuper, notamment pour des raisons psychiatriques. On demande qu'il y ait une notion d'incapacité parentale pour qu'on puisse leur offrir d'autres parcours".
L'adoption sera-t-elle facilitée s'interroge Patrick Roger ? Beaucoup de parents vont à l'autre bout du monde alors qu'on voit qu'en France il y a des enfants qui pourraient bénéficier d'un foyer. "Une mission spécifique sur l'adoption est menée. Jusqu'à présent, pour être adopté, il faut qu'un enfant soit abandonné ou qu'il y ait une notion de délaissement de ses parents. Quand le parent a une maladie psychiatrique qui ne lui permettra pas de toute sa vie de s'occuper de son enfant, il faut qu'on crée un statut particulier pour que cet enfant puisse être adopté".
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