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Philippe Juvin : "je veux que le pays sorte de cette épidémie d'ignorance"

Philippe Juvin, chef des urgences de l’hôpital Pompidou, maire LR de la Garenne-Colombes et candidat à la primaire de la droite, était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 6 septembre 2021 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Philippe Juvin, interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le 6 septembre 2021 à 7h40.

Philippe Juvin : "personne ne parle de ‘quelles leçons tire-t-on pour le système de santé ?’"

La crise sanitaire se poursuit mais le nombre de contaminations est en baisse. "On constate cela, effectivement, moins de cas de Covid", confirme Philippe Juvin qui tient à souligner que "l’immense majorité" des personnes touchées par la Covid-19 qui arrivent en réanimation sont "non-vaccinées". "Et puis, surtout, on n'en parle pas, un personnel de santé qui est fatigué, avec des lits qui restent fermés un peu partout en France du fait à la fois de l’épuisement et du manque de personnel", explique le chef des urgences de l’hôpital Pompidou de Paris.

"Ce qui me frappe, c’est que ça fait un an et demi qu’on a subi cette épidémie majeure, et personne ne parle de ‘quelles leçons tire-t-on pour le système de santé ?’"

"Sur 104 patients qui entrent en réanimation, de mémoire, 97 n’étaient pas vaccinés"

Certains malades en réanimation peuvent être doublement vaccinés, mais il restent très minoritaires. Durant la deuxième semaine d'août, en Île-de-France, précise Philippe Juvin, "sur 104 patients qui entrent en réanimation, de mémoire, 97 n’étaient pas vaccinés, ou pas complètement, 6 étaient vaccinés, et 1 on n’avait pas le statut vaccinal". Si "effectivement il y a quelques très rares patients vaccinés qui vont en réanimation, l’immense majorité n’est pas vaccinée", rappelle le maire LR de la Garenne-Colombes.

 

"Il faut que nous ayons des campagnes d’information désormais ciblées"

Certains parlementaires aimeraient rendre la vaccination tout simplement obligatoire. Pour Philippe Juvin, "le sujet c’est 'comment fait-on respecter une telle obligation ?'" Car si une personne ne veut pas se faire vacciner, les médecins ne pourront pas l’y forcer. "Le vrai sujet, c’est la confiance : il faut que les gens aient confiance dans le système." Et pour le maire LR de la Garenne-Colombes, ce n’est "pas du tout" trop tard pour qu’il y ait cette confiance. Il rappelle "les chiffres extrêmement bas" des Français voulant se faire vacciner en janvier 2021 ; "et, finalement, on progresse, on y arrive". "Il faut probablement qu’on tire les leçons de quelques pays, les États-Unis font ça très bien : ils ciblent des populations" qui ont "des raisons très particulières de ne pas vouloir se faire vacciner". "Il faut que nous ayons des campagnes d’information désormais ciblées."

Autre point, selon Philippe Juvin, pour améliorer encore la couverture vaccinale de la France, "il faut apporter le vaccin aux gens" pour que les Français puissent se vacciner "sur les lieux de travail, dans les collèges, dans les universités". "Il faut que ça devienne très facile, encore plus facile aujourd’hui."

Philippe Juvin : "Et peut-être qu’un jour un variant sera encore plus méchant"

En France, le vaccin n’est pas accessible aux moins de 12 ans, contrairement à d’autres pays dans le monde. Toutefois, Philippe Juvin juge que "les essais cliniques ne sont pas terminés" et qu’il faut donc attendre. "La science, ce n’est pas ‘Philippe Juvin croit’ ; la science c’est ‘qu’est-ce qui a été démontré’".

Autre problème : la mutation du virus, "un sujet fondamental" selon le chef des urgences de l’hôpital Pompidou. Un fait naturel qui est lié à l’absence de vaccination dans des territoires du monde, comme les pays pauvres très en retard, qui sont "la fabrique de variants nouveaux. Et peut-être qu’un jour un variant sera encore plus méchant".

 

"Il ne faut pas dire : ‘des traitements, des traitements, des traitements’ quand il n’y en a pas"

Les traitements sont un autre espoir contre la Covid-19, au centre par ailleurs de certains débats houleux depuis le début de la pandémie. Philippe Juvin souligne l’existence de certains traitements par "anticorps monoclonaux" qui sont néanmoins "très chers". Le chef des urgences de l’hôpital Pompidou tient néanmoins à rappeler que "tous les médecins cherchent des traitements à toutes les maladies". "Il ne faut pas dire : ‘des traitements, des traitements, des traitements’ quand il n’y en a pas."

"Aujourd’hui, les seuls traitements que nous ayons sont des anticorps monoclonaux qui sont d’abord très chers, relativement difficiles à utiliser parce qu’ils doivent être administrés à la phase très précoce, donc aujourd’hui on les réserve à quelques indications de patients particulièrement fragiles. Mais le vrai traitement aujourd’hui ça reste le vaccin." Il appelle d’ailleurs à "vacciner l’Afrique" faute de quoi "vous aurez des variants méchants qui apparaîtront".

 

"Vous ne trouvez pas que c’est anormal en France de ne pas trouver de médecin traitant ?"

Les soignants sont fatigués, et la situation ne s’est pas améliorée malgré la crise sanitaire, souligne Philippe Juvin. "Vous ne trouvez pas que c’est anormal en France de ne pas trouver de médecin traitant ?" C’est, pour lui, un "sujet fondamental" qui devrait être "un des sujets de la Présidentielle", souligne le candidat à la primaire LR. "Comment fait-on, pour qu'en France, tout le monde ait un médecin ? C'est quand même le minimum du minimum".

Il juge que pour ce faire, il faut former "beaucoup plus de médecins" : "il faut augmenter massivement le nombre de médecins formés". Mais ce n’est pas tout : il estime qu’il faut faire comme ailleurs dans le monde, à savoir donner "massivement" des tâches aujourd’hui réservées à des médecins en France à des paramédicaux comme des infirmiers, ce qui "permet de dégager du temps" aux médecins. Ainsi faisant, "en trois ou quatre ans, on peut diminuer l’importance des déserts médicaux", estime le candidat à la primaire des LR.

"Je n'aime pas cette société de méfiance permanente"

François Molins, procureur général auprès de la Cour de cassation, a déclaré que des milliers de plaintes ont été déposées contre les ministres concernant la gestion de la pandémie. Philippe Juvin souligne que "tout le monde a le droit, en France, de déposer une plainte contre n'importe qui". De son côté, lui "fait confiance à la justice". "En revanche, je n'aime pas cette société de méfiance permanente où les questions sociales, ou sociétales ou politiques se règlent devant les tribunaux. Pour lui, la justice ne doit pas être instrumentalisée, or, elle l'est manifestement".

 

"Je suis pour des politiques qui apportent des solutions"

Philippe Juvin, maire depuis 20 ans, est candidat à la primaire de la droite pour le parti Les Républicains, candidature maintenue malgré certains renoncements majeurs comme celui de Laurent Wauquiez, et malgré une candidature qui ne semble pas recevoir beaucoup de soutiens. "Mais, vous ne voyez pas que plus personne ne va voter ?" Pour lui, "il y a un sujet".

En tant que médecin, il estime faire un métier "dans lequel on apporte des solutions". Il met en avant son expérience en tant que maire mais aussi à l'international en tant que député européen. "Va-t-on continuer comme on fait depuis trente ans ?" "Je suis pour des politiques qui apportent des solutions", déclare le candidat à la primaire, comme les solutions concernant "les déserts médicaux" expliquée plus haut.

 

"L'ignorance gagne partout"

Sur l'éducation, pourtant loin de la médecine, Philippe Juvin souligne que "nous sommes désormais derniers des classements en maths, dans les écoles", ce qui est "évidemment inacceptable". Ainsi, il propose "une évaluation nationale" à la fin du CM1 afin d'identifier les élèves ayant des difficultés en lecture et en calcul pour les mettre, en CM2, "dans des classes à 8-10 élèves pour les rebooster et leur remonter le niveau".

Il propose de réduire de 4 semaines le nombre de vacances pour les élèves : "2 semaines de vacances en moins au mois de juillet, 1 en moins à la Toussaint, 1 en moins en février, avec une année qui sera moins dense, afin que le pays sorte de cette épidémie d'ignorance". Pour Philippe Juvin, "l'ignorance gagne partout. Les conséquences c'est quoi ? Nous sommes le seul pays, grand pays, à ne pas avoir mis en place de vaccin à ARNmessager !"

 

"Éric Zemmour parle de thèses que la droite a longtemps développées, en particulier sous Jacques Chirac"

Éric Ciotti, l'un des concurrents de Philippe Juvin aux primaires de la droite, a affirmé qu'il choisirait plutôt Zemmour que Macron en cas d'un hypothétique duel au second tour. "J'en ai assez de ces discussions où on nous dit qu'il faut choisir entre Macron et Le Pen, entre Macron et Zemmour !, fustige Philippe Juvin. Éric Zemmour parle de thèses que la droite a longtemps développées, en particulier sous Jacques Chirac, estime-t-il. Mais pour être élu président de la République, il faut d'abord avoir été élu parce que quand vous avez été élu, vous êtes confronté à des gens qui ne pensent pas comme vous. Dans la décision que vous devez prendre, c'est un élément fondamental".

Par ailleurs, "Éric Zemmour accepterait-il de participer à cette primaire de la droite ?, s'interroge-t-il, en ayant par exemple des positions sur l'Union européenne ? Accepte-t-il que la France reste dans l'Union européenne ? Aux Républicains, nous souhaitons que la France reste dans l'Union européenne".

 

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