Philippe Martinez : "La reconnaissance de maladie professionnelle doit être étendue aux autres travailleurs que les soignants"
L'activité devrait reprendre le 11 mai dans certains secteurs. "Notre première préoccupation, c'est la santé des salariés, et tout n'est pas réglé en la matière estime Philippe Martinez. Les protections pour les salariés font largement défaut, y compris dans les Ehpad et pour les aides à domicile déplore-t-il. Notre mot d'ordre : la santé d'abord. Il faut veiller à ce que partout où l'activité va reprendre, et elle ne pourra pas reprendre partout en même temps, les salariés soient protégés. Selon lui, le meilleur moyen de se protéger était de rester à la maison, ce que malheureusement tout le monde n'a pas pu faire. Dans un certain nombre de commerces, les salariés sont très exposés. La protection des salariés d'abord et une reprise des activités en fonction de la possibilité de se protéger" insiste-t-il.
Le ministre de la Santé a annoncé que seuls les soignants atteints du Covid-19 seront indemnisés au titre de maladie professionnelle. "La reconnaissance de maladie professionnelle doit être étendue aux autres travailleurs que les soignants réclame le Secrétaire général de la CGT. Pensons aux aides à domiciles, les facteurs, les employés du commerce. L'ensemble des syndicats demandent à Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, et au président de la République que cette idée de maladie professionnelle soit mieux prise en compte".
"Un préavis ce n'est pas la grève partout, c'est une mesure de protection"
Un nouveau préavis de grève a été déposé dans la fonction publique pour le mois de mai. "Un préavis ce n'est pas la grève partout, c'est une mesure de précaution quand les conditions sanitaires ne sont pas remplies ! tient à préciser Philippe Martinez. Ce préavis de grève est une mesure de protection. Pourquoi n'y a-t-il toujours pas de masques ? s'interroge-t-il. Certaines entreprises auront les moyens de se les payer et d'autres, comme les artisans, pas" assure-t-il.
"Nous on se bat pour sauver des vies, ce qui doit être la priorité de tout le monde estime Philippe Martinez. Il faut absolument que les mesures de protection soient accélérées. Bientôt il y aura un marché parallèle de masques, c'est scandaleux ! Où est la notion d'égalité ? Notre priorité, c'est la santé" rappelle-t-il.
"La rentrée scolaire aurait dû se faire en septembre !"
Un retour facultatif à l'école est prévu à partir du 11 mai. "La rentrée scolaire aurait dû se faire en septembre, ça aurait été beaucoup plus sûr soutient Philippe Martinez. Qu'est-ce que ça veut dire le volontariat ? Ce sont les parents qui n'auront pas le choix ? Dans quelle mesure ? Quelle proportion pour respecter les protections ? Les parents qui ne le voudraient pas mais qui auraient la pression de leur employeur pour retourner au boulot, comment seront-ils payés ? Trop de questions montrent que le gouvernement a trop tergiversé. Les messages ne sont pas clairs entre l'annonce du président de la République le 11 mai où tout le monde a compris tout le monde à l'école et aujourd'hui, c'est plus mesuré que ça".
"Nous appelons à travailler tant que les conditions de protection sont réunies : la santé d'abord ! réinsiste-t-il. Les profs ne sont pas en vacances rappelle-t-il. Et comment vont-ils gérer une moitié de classe à l'école et l'autre moitié à la maison ? s'interroge-t-il. Il faut régler ce genre de problématique".
"Très peu de primes seront versées dans la grande distribution car c'est à l'appréciation des employeurs"
Des primes ont été annoncées pour l'ensemble des gens mobilisés dans la fonction publique. "Tout le monde dans la fonction publique et chez les soignants n'aura pas cette prime, on crée des différences ! dénonce Philippe Martinez, qui réclame une revalorisation générale des salaires dans la fonction publique. On ne peut pas applaudir tous les soirs et dire il n'y a pas de sous et on recommence comme avant ! La vraie question selon lui, c'est comment reconnaître la notion de personnel indispensable après la crise ? Il n'y a pas d'annonce pour l'instant. Très peu de primes seront versées dans la grande distribution car c'est à l'appréciation des employeurs" regrette-t-il.
"Il faut interdire les licenciements en ce moment estime-t-il par ailleurs , car les salariés n'ont pas les moyens de se protéger, bon nombre de conseils de Prudhommes ne sont pas en activité. Il faut qu'on puisse vérifier que véritablement les entreprises sont en difficulté et qu'il y ait des mesures de chômage partiel qui se prolongent, notamment dans la restauration. C'est une décision du gouvernement de ne pas rouvrir tout de suite, il faut pouvoir accompagner les entreprises et faire en sorte que ces salariés ne perdent pas leur boulot. On voit bien que les garanties sociales à la française ont du bon comparé aux États-Unis".
Philippe Martinez a adressé une lettre au chef de l'État réclamant des mesures d'urgence. "Emmanuel Macron ne nous a pas répondu regrette-t-il. Pourtant nous avions plein de propositions pour maintenant et après. Nous espérons qu’après cette crise, le monde d'après sera différent".
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