Alors que l'abaissement à 80km/h de la vitesse autorisée sur les routes secondaires continue d'alimenter les débats, le "joker" utilisé jeudi soir par Gérard Collomb, lors d'une réunion publique à Rungis, n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Interrogé sur cette fameuse mesure controversée, le ministre de l'Intérieur a en effet préféré ne pas répondre en éludant la question, faisant valoir un "joker" sous les rires de l'assistance. Selon Pierre Chasseray (Délégué Général de l'association "40 Millions d'automobilistes"), cette attitude en dit long et signifie ni plus ni moins que le "Premier flic de France" n'est pas favorable à la limitation.
"Même Macron, dans l'intimité, serait opposé à cette mesure"
Joint par téléphone, celui que nos auditeurs connaissent très bien grâce à son émission quotidienne "Ça roule", nous explique : "C'est une vraie désapprobation que met en place le ministre de l'Intérieur sur cette mesure du 80km/h. Il prend ses distances par rapport au Premier ministre qui, on le sait, est de plus en plus isolé. Même Emmanuel Macron, dans l'intimité, serait plutôt opposé à cette mesure", affirme-t-il ainsi. "Ce qui est assez intéressant, c'est que Gérard Collomb est le ministre de l'Intérieur, donc c'est lui qui a la charge de la sécurité routière en France. Et, en sortant son "joker", en refusant, de répondre, il est tout simplement en train de dire qu'il est défavorable à la mesure. C'est peut-être enfin un marqueur assez positif pour les Français. Donc cette baisse de la limitation, c'est loin d'être fait ! On a encore véritablement toutes les chances de réussir à passer au travers", poursuit-il.
Et l'intéressé de rappeler au passage que le 80km/h s'avère très impopulaire et ne garantit aucun résultat probant. "N'oublions pas que c'est une mesure qui crée une unanimité contre elle. Tout le monde y est opposé, elle n'est pas comprise par les Français, elle n'est pas entendue et n'a pas d'effet. Je rappelle quand même que depuis un an, les chiffres de l'accidentalité sont repartis à la baisse, c'est-à-dire que sans aucune mesure, on a retrouvé un mouvement plutôt perpétuel de baisse des accidents, ce qui est plutôt positif", conclut-il.