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Pierre Conesa : "Dans une société qui n'a plus d'utopie, on va la chercher"

Par La Rédaction

Pierre Conesa, agrégé d'histoire et ancien haut fonctionnaire au ministère de la Défense, spécialiste des radicalisations et du salafisme, auteur du livre "Avec Dieu, on ne discute pas ! - Les radicalismes religieux : désislamiser le débat" (éditions Robert Laffont), était l’invité d’André Bercoff, mardi 19 janvier, sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

Pierre Conesa invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

L'agrégé d'histoire analyse le retour du radicalisme et du fondamentalisme religieux sur la scène géopolitique. Conséquence de sociétés matérialistes et consuméristes qui ont perdu toute utopie.

"Ça existe dans toutes les aires religieuses"

L'apparition des radicalismes religieux est issue "d'une évolution profonde", analyse Pierre Conesa qui "explose dans les sociétés qui n'ont plus d'horizon mythique". Des sociétés "matérialistes absolues, fun, cool, etc.", décrit l'auteur qui a voulu s'intéresser au fondamentalisme, "parce que ça existe dans toutes les aires religieuses". "Dans une société qui n'a plus d'utopie, on va la chercher", disait Régis Debray.

Un des slogans qui a marqué Pierre Conesa lors des événements de mai 68 : "Dieu est mort, signé Nietzsche, Nietzsche est mort, signé Dieu". Un slogan qui avait "plus raison que le premier", estime l'ancien haut fonctionnaire pour qui le retour du religieux a été constaté par tout le monde. Mais ce que constate l'auteur, "c'est le retour des fanatismes et des radicalismes". "C'est ça le plus inquiétant, parce que la pratique religieuse ne pose pas de problème", explique-t-il.

"Une violence théologique"

Ce qui a frappé l'auteur, c'est la posture des intellectuels, qui déjà à la fin du XIXe, annonçaient "un XXe siècle qui serait le siècle de la paix, du bonheur et de la lutte contre toutes les maladies". Un siècle qui a pourtant commencé par "la boucherie de la guerre de 1914" et donc une crise des intellectuels, accusés de trahison. Conséquence : "beaucoup ont adhéré aux idéologies totalitaires qui promettaient l'homme nouveau, la société nouvelle, le leader absolu", souligne Pierre Conesa.

Des idéologies qui ravivaient l'utopie dans les sociétés. Mais quand le "dernier mythe laïc" va mourir, qui était une laïcité "militante, brutale et de persécution", le religieux ressurgit, et dans son sillage, le radicalisme. Un radicalisme qui se différencie du fondamentalisme "par son rapport à la violence" et qui affiche "une violence théologique et une exclusion de tous les mécréants, y compris les hypocrites". "Les radicalismes ont une caractéristique commune sur le plan géopolitique, ils se déterminent comme 'une foi, une terre, un peuple'", présente Pierre Conesa.

 

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi. Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !

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