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Pierre de Villiers : "Il y a un problème de creuset national"

Par La Rédaction

"Je ne regrette absolument pas d’être parti. J’ai pris la bonne décision au bon moment, je pense qu’elle a porté ses fruits. Aujourd’hui je sers la France autrement. J’essaie de transmettre aux jeunes générations ce que j’ai appris", a déclaré Pierre de Villiers, l'ancien chef d’état-major des armées et auteur du livre Qu’est-ce qu’un chef. Il était l’invité d’André Bercoff le 27 novembre 2018 sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

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La transmission intergénérationnelle est en panne

Interrogé par André Bercoff sur sa vision des problèmes actuels de la France, le général Philippe de Villiers a répondu : "Il y a une crise de l’autorité en France et plus globalement dans les démocraties occidentales. On est passé d’un climat de grande espérance à l’inquiétude et puis au doute. Je le dis souvent, le doute, c’est le début de la défaite. Au travers des conversations lors de séances de dédicaces pour mon premier livre, j’ai senti cette colère monter durant l’été 2018, et qui a abouti à la situation que nous vivons aujourd’hui". "Il y a un fossé qui s’est creusé entre ceux qui dirigent et ceux qui sont à la base. C’est d’ailleurs le point de départ de mon livre", a-t-il poursuivi.

Pour Pierre de Villiers, l’un des problèmes majeurs de la France d’aujourd’hui est la défaillance de transmission entre générations. "Une des raisons pour lesquelles les jeunes arrivent dans l’armée est que nous faisons le lien entre l’histoire, le présent et l’avenir. Un jeune qui arrive dans une unité est encadré par les anciens de son unité, il y a un compagnonnage, les plus anciens lui expliquent le métier. C’est cette espèce de fil intergénérationnel qu’on retrouve de moins en moins dans notre société. Mais dans l’armée, il existe. Et c’est la raison pour laquelle l’armée est restée une institution solide. Je pense qu’il faut retisser une partie du creuset national, qui est en train de s’effriter", a-t-il estimé.

Une conception erronée de l’autorité

Dans cet entretien à André Bercoff, Pierre de Villiers a aussi parlé de sa conception de l’autorité et a expliqué pourquoi cet élément manquant était pourtant si nécessaire. "Emmanuel Macron a dit l’autre jour dans un discours sur le porte-avion : Je n’ai pas réussi à réconcilier les Français avec leur dirigeant. Quand on est investi d’une fonction, on pense d’abord aux personnes qu’on commande, avant la performance. L’erreur actuelle, c’est qu’on parle tableaux de chiffres, comptabilité, budget, finances… Mais ça, ce sont les moyens. La finalité, c’est le bonheur des gens. Je crois qu’il faut couper avec cette technostructure qui prend des décisions sans prendre en compte le critère principal : les conséquences sur les femmes et les hommes qu’on a l’honneur de commander", a déclaré Pierre de Villiers. "Il y a une crise de l’autorité. On a oublié que le mot autorité vient du latin autoritas, ça veut dire faire grandir, élever, élever vers. Ce n’est pas imposer quelque chose, ça c’est l’autoritarisme", a-t-il poursuivi.

Interrogé par André Bercoff sur son sentiment vis-à-vis de la suspension du service militaire, Pierre de Villiers a estimé que c’était regrettable, car les jeunes doivent selon lui être "encadrés" par l’État. "On voit bien aujourd’hui dans quelle situation on se trouve, et Emmanuel Macron en est conscient : il y a un problème de creuset national. Aujourd’hui, sur nos 800.000 jeunes, il y en a 100.000 qui sont sortis de tout encadrement étatique. Quelle sera la formule qui fera qu’ils viendront, comment allons-nous aller les chercher ?", s’est-il interrogé.

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast

Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi. Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !

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