single.php

Pierre-Henri d’Argenson : "Quand il y a une crise, le pays reste le port d'attache"

Par La Rédaction

Pierre-Henri d’Argenson, essayiste, haut fonctionnaire et professeur en questions internationales, auteur de "La fin du monde et le dernier dieu - Un nouvel horizon pour l’humanité" (éditions Liber), était l’invité d’André Bercoff, jeudi 14 mai, sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

Pierre-Henri d'Argenson évoque le retour au "chez soi" au micro d'André Bercoff. "Un dur retour à la réalité brutale", selon lui. Thomas SAMSON - AFP/Archives

Le confinement a poussé les Français à rentrer chez eux et à y demeurer plusieurs semaine. La fin d'un cycle peut-être, celle "de la mondialisation heureuse", "qui a cessé d'être un mythe fondateur depuis plusieurs années", selon Pierre-Henri d'Argenson. "Le virus vient seulement nous le montrer". 

 

Un retour au chez soi

Le professeur en questions internationales a été particulièrement marqué par les témoignages de ces milliers de Français expatriés qui ont dû rentrer au plus vite chez eux, grâce à un plan d'urgence mis en place par le Quai d'Orsay. "Certains témoignages parlaient de situations difficiles, voire d'attitudes un peu hostiles de la part des gens sur place", se rappelle Pierre-Henri d'Argenson, qui imagine une partie d'entre eux "dîner au restaurant, la veille, sous les palmiers avec des serveurs low cost, dans un monde de carton-pâte". "Du jour au lendemain, on leur a dit qu'ils étaient les bienvenus en temps que touristes, mais que maintenant, ils devaient rentrer chez eux", rapporte-t-il.

Plus largement, cette période signifie pour Pierre-Henri d'Argenson, "la fin du mythe du citoyen du monde". "Il y a beaucoup de gens qui ont cru vivre dans une époque où le chez soi était la maison mais plus forcément la nation", souligne-t-il. Mais quand une crise éclate, "le pays reste le port d'attache", rappelle l'essayiste. "Le coronavirus a cet effet-là pour tout le monde, on ressent que la nation n'est pas une attache obsolète", analyse-t-il.

Quels responsables ?

Beaucoup de questions se posent autour de cette crise, et notamment en matière de responsabilité. Première institution a être sous le feu des critiques, l'Union européenne. "Il y a une énorme déception sur le rôle qu'elle a joué", reconnaît Pierre-Henri d'Argenson, qui relativise cependant. "Lui reprocher de ne pas intervenir, alors qu'au fond la tendance qui précédait était de dire que l'UE intervient trop, il faut savoir ce qu'on veut", note-t-il. Il reconnaît malgré tout "un manque de solidarité, de compréhension de la nature de la crise, il y a eu un vrai temps de retard dans sa prise en charge". "C'est là qu'on s'aperçoit que l'UE ne peut pas tout parce qu'elle est d'abord une union d'États et dans certains domaines, c'est un peu chacun pour soi", analyse le professeur.

Pierre-Henri d'Argenson note "une forme de retour à la brutalité du réel" et "un retour de la responsabilité individuelle". Principalement en cause dans cette mauvaise gestion de la crise, "le logiciel profond de l'Union européenne". "L'union a été conçue pour être une machine pour désarmer les frontières fondamentales entre pays européens. Ce projet aurait marché si l'Union était seule sur terre", explique-t-il. "Dans ce logiciel d'ouverture interne, il manque l'aspect de protection extérieure. On ne peut pas avoir les deux en même temps", estime l'essayiste pour qui le véritable enjeu qui nous attend : "c'est de se préparer à affronter des mastodontes comme la Chine".

 

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi. Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !

L'info en continu
23H
22H
20H
19H
17H
16H
15H
14H
Revenir
au direct

À Suivre
/