La piste islamophobe a pris de l'ampleur samedi, au lendemain du meurtre d'un fidèle tué de dizaines de coups de couteau dans la mosquée de La Grand-Combe (Gard), après la révélation d'une vidéo filmée par l'auteur lui même, juste après l'agression, où il est entendu en train d'insulter "Allah".
"Je l'ai fait (...), ton Allah de merde", lâche le meurtrier, à deux reprises, alors qu'il est en train de filmer la victime agonisante, avec son téléphone portable, selon une source proche du dossier.
Réalisant ensuite la présence de caméras de surveillance dans la mosquée, l'homme s'exclame alors: "Je vais être arrêté, c'est sûr".
Si l'homme n'avait toujours pas été interpellé samedi en fin d'après-midi, il a cependant été identifié et son frère a été placé en garde à vue, a appris l'AFP auprès d'une source proche du dossier. De nationalité française, le suspect est d'origine bosnienne et n'est pas musulman.
Confirmant samedi à l'AFP les propos tenus par le meurtrier sur la vidéo, le procureur de la République d'Alès, Abdelkrim Grini, a précisé que "toutes les pistes" restaient envisagées, dont "celle d'un acte à dimension islamophobe".

Des gendarmes bloquent une route à La Grande Combe après qu'un fidèle musulman a été tué à coups de couteau à l'intérieur de la mosquée, le 25 avril 2025 dans le Gard
Sylvain THOMAS - AFP
Le parquet national antiterroriste (Pnat) est en train d'évaluer le dossier pour éventuellement s'en saisir, a ajouté M. Grini. Samedi l'enquête, confiée au groupement de gendarmerie du Gard, à la section de recherches (SR) de Nîmes et à la police judiciaire, restait cependant encore sous la houlette du parquet d'Alès.
Le suspect est "activement recherché", a-t-il ajouté. "C'est une affaire prise très au sérieux, les faits sont très graves".
Samedi après-midi, Gérald Darmanin, ministre de la Justice, a dénoncé sur X un "ignoble assassinat" dans "un édifice religieux sacré", qui "blesse le cœur de tous les croyants, de tous les musulmans de France". Vendredi, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, avait qualifié ce meurtre d'"épouvantable".
- "L'islamophobie tue" -
"La République ne peut accepter que nos concitoyens de confession musulmane subissent un climat de peur", a insisté de son côté le maire socialiste de Montpellier, Michaël Delafosse, en dénonçant "un acte ignoble motivé par le racisme et l'intolérance".
Et pour Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise, "l'islamophobie tue. Tous ceux qui y contribuent sont coupables".
Selon une source proche du dossier, le meurtrier aurait envoyé sa vidéo à une autre personne, qui l'aurait alors diffusée sur un réseau social, avant qu'elle soit supprimée.
Les faits se sont déroulés vendredi matin vers 8H30 dans la mosquée Khadidja, une salle de prière située dans le hameau de Trescol, dans la petite commune gardoise de quelque 5.000 habitants de La Grand-Combe, au nord d'Alès.

Un panneau de signalisation à l'entrée de La Grande Combe où un fidèle musulman a été tué vendredi à coups de couteau par un autre fidèle dans une mosquée, le 25 avril 2025 dans le Gard
Sylvain THOMAS - AFP
La victime, un homme d'une vingtaine d'années, et son agresseur étaient alors seuls à l'intérieur de la mosquée.
Le corps de la victime, qui a reçu 40 à 50 coups de couteau, selon les premières estimations avant autopsie, a été découvert seulement en fin de matinée, lorsque d'autres fidèles sont arrivés pour la prière du vendredi.
Outre les images tournées par le meurtrier, les enquêteurs disposent aussi de celles des caméras de surveillance installées à l'intérieur et à l'extérieur de la mosquée, selon M. Grini.
Selon le procureur, la victime, âgée de 23-24 ans, "fréquentait régulièrement" cette mosquée, alors que le meurtrier "ne la fréquentait absolument pas et n'y était a priori jamais venu auparavant".
Selon plusieurs personnes interrogées sur place vendredi par l'AFP, le jeune homme qui a été tué était arrivé du Mali il y a quelques années. Il était bien connu et très apprécié dans le village, où il se rendait tous les jours à la mosquée.
Ancienne cité minière distante d'une dizaine de kilomètres d'Alès, La Grand-Combe est une commune frappée par un des plus forts taux de chômage en France depuis la fin de l'exploitation du charbon.
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Par Fanny CARRIER / Marseille (AFP) / © 2025 AFP