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Plus de 80.000 détenus dans les prisons françaises au 1er novembre, un record

Jamais les prisons françaises n'ont enregistré un si grand nombre de détenus avec le chiffre record de 80.130 personnes incarcérées pour 62.357 places au 1er novembre, selon des chiffres obtenus vendredi auprès du ministère de la Justice.

Lionel BONAVENTURE - AFP/Archives

Jamais les prisons françaises n'ont enregistré un si grand nombre de détenus avec le chiffre record de 80.130 personnes incarcérées pour 62.357 places au 1er novembre, selon des chiffres obtenus vendredi auprès du ministère de la Justice.

Mal endémique français, la surpopulation carcérale ne cesse de battre des records mois après mois.

La densité carcérale globale était de 128,5% au 1er novembre. Cette densité carcérale, qui dépasse 200% dans plus d'une dizaine d'établissements (13 au total), contraint 3.962 détenus à dormir sur des matelas posés à même le sol.

La densité carcérale atteint 155,1% en maison d'arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement et donc présumés innocents, et ceux condamnés à de courtes peines.

"C'est un record inégalé", a constaté une source au ministère de la Justice en déplorant le franchissement du seuil de 80.000 détenus.

Parmi les personnes incarcérées, 20.831 sont des prévenus, en détention dans l'attente de leur jugement définitif.

Au total, 96.569 personnes étaient placées sous écrou au 1er novembre. Parmi elles, on compte 16.439 personnes non détenues faisant l'objet d'un placement sous bracelet électronique ou d'un placement à l'extérieur.

La France figure parmi les mauvais élèves en Europe en terme de surpopulation carcérale, en troisième position derrière Chypre et la Roumanie, selon une étude publiée en juin par le Conseil de l'Europe.

Des mesures ont pourtant été prises pour tenter de remédier à ce problème, comme l'interdiction des peines de prison de moins d'un mois, l'aménagement des peines ou encore le développement de travaux d'intérêt général.

Ces nouveaux chiffres désastreux quant à la surpopulation carcérale arrivent alors que le ministre de la Justice, Didier Migaud a averti que la mise en oeuvre du plan de construction de 15.000 places de prisons supplémentaires d'ici 2027 ne pourra être honorée dans les délais.

- Prison "nécessaire" -

Auditionné devant la commission des lois du Sénat concernant le budget de la Justice pour 2025, le garde des Sceaux a insisté sur les "difficultés" rencontrées "dans le calendrier des grandes opérations de construction", affirmant que seuls "42%" des 15.000 nouvelles places de prison devraient être opérationnelles en 2027, soit 6.421, "si tout se passe bien".

"L'achèvement du +plan 15.000+ ne sera pas possible opérationnellement avant 2029, dans le meilleur des cas", a-t-il précisé.

En attendant que ce plan "absolument nécessaire" aboutisse, une source au ministère de la Justice interrogée par l'AFP a évoqué "la réhabilitation d'établissement pénitentiaires désarmés", "la construction de structures modulaires" comme en Belgique ou en Allemagne ou encore "la conversion de bâtiments publics non utilisés".

Le ministre de la Justice Didier Migaud lors d'une visite de la prison de la Santé à Paris, le 24 septembre 2024

Le ministre de la Justice Didier Migaud lors d'une visite de la prison de la Santé à Paris, le 24 septembre 2024

Anne-Christine POUJOULAT - POOL/AFP/Archives

M. Migaud vient de lancer trois missions d'urgence dont une concerne l'univers carcéral.

"La prison est nécessaire, elle est là pour punir et protéger les citoyens, mais l’incarcération doit se faire dans des conditions sécurisées pour les agents et dignes pour les détenus", a expliqué le garde des Sceaux. Face à la surpopulation carcérale, il faut "envisager tous les outils possibles" dont des "mesures alternatives à l’incarcération pour les infractions de faible gravité".

Fin octobre, l’Observatoire international des prisons et une trentaine d'autres organisations dont le Syndicat des avocats de France, le Syndicat de la magistrature et le Conseil national des barreaux ont plaidé dans un texte commun pour des "réformes de fond visant à réduire le recours à l’incarcération et sa durée, fondées sur un changement de regard de la société".

"La prison ne doit plus être considérée comme la référence du système pénal, et ses alternatives, loin d’être symboliques, doivent se substituer à l’enfermement", ont souhaité les organisations signataires.

A la mi-mars, le Conseil de l’Europe a exprimé sa "profonde préoccupation" à propos de la surpopulation carcérale chronique française. L'institution a invité les autorités françaises à "examiner sérieusement et rapidement l’idée d’introduire un mécanisme national contraignant de régulation carcérale".

Par Alain JEAN-ROBERT / Paris (AFP) / © 2024 AFP

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