À l'occasion de la journée de la laïcité, un sondage IFOP pour la Licra souligne qu'une majorité de lycéens estiment que les règles de leur religion sont supérieures à celles de la République.
Une place importante de la religion dans le quotidien des élèves
"Le sondage parle des lycéens croyants, précise toutefois Iannis Roder, professeur d’histoire-géographie dans un collège de Seine-Saint-Denis, responsable des formations au Mémorial de la Shoah, directeur de l’Observatoire de l’éducation à la fondation Jean-Jaurès. Parmi les croyants, 40% placent leur religion au-dessus des lois de la République. 65% des lycéens qui se disent croyants musulmans."
"Je constate en tout cas que la religion occupe une place importante dans la vie et le quotidien de bon nombre de mes élèves. Il est parfois impensable pour certains de ne pas croire en Dieu. Pour eux, c’est une évidence dont on ne peut débattre. Certaines familles ont des croyances absolutistes. C’est quelque chose qui emplit leur vie."
Un déficit de formation des enseignants sur ces questions
Pour autant, les règles de la laïcité sont enseignées dans les écoles. Est-elle encore bien reçue et bien comprise ? "Les enseignants ont les moyens de l’enseigner, estime Iannis Rodder, professeur d’histoire-géographie dans un collège de Seine-Saint-Denis. Le problème est apparu aux yeux de toute la France au moment des hommages à Samuel Paty. Il y a un déficit de formation des enseignants sur ces questions. On a considéré pendant des décennies que la laïcité et les lois de la République étaient une évidence. Et puis, finalement, ce n’est pas le cas. Il faut former les enseignants, notamment ceux qui ne l’ont pas été au niveau de leur formation initiale."
"En général, quand la laïcité est bien expliquée, elle est bien comprise", juge le directeur de l’Observatoire de l’éducation à la fondation Jean-Jaurès. C’est vraiment un problème de pédagogie. Les lycéens et collégiens voient d’abord la laïcité comme une privation de liberté. En fait, c’est la possibilité de l’émancipation fournie par l’école." Mais dans une classe majoritairement musulmane, qui plus est en zone sensible, aborder ces sujets n’est pas simple pour un enseignant, notamment débutant. "Nous avions fait un sondage en janvier dernier avec la fondation Jean-Jaurès, explique Iannis Roder. 19% des enseignants disaient s’auto-censurer régulièrement."
Iannis Roder, professeur d’histoire-géographie dans un collège de Seine-Saint-Denis, responsable des formations au Mémorial de la Shoah, directeur de l’Observatoire de l’éducation à la fondation Jean-Jaurès, était interviewé dans "Sud Radio vous explique" sur Sud Radio le 10 décembre 2021. "Sud Radio vous explique" est diffusée tous les jours à 7h45 dans la matinale animée par Cécile de Ménibus et Patrick Roger.
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