C’est un avis très attendu cette semaine : celui de la Haute autorité de santé, qui doit se prononcer sur l’homéopathie. Est-elle utile, pas utile ? Va-t-elle réclamer ou non son déremboursement.
Un coût de 130 millions d’euros par an
"Oui pour deux raisons, estime Véronique Jacquier. D’abord, pour une raison économique : le remboursement des granules à hauteur de 30% coûte 130 millions d’euros sur un montant total de 20 milliards d’euros de médicaments remboursés sur une année". C’est à la fois peu et beaucoup si l’on juge que l’homéopathie n’est pas efficace. Dimanche 23 Juin, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a donné le ton : "On rembourse ce qui est utile comme les nouveaux médicaments anti-cancéreux. Je serai fidèle à cette doctrine". Moralité : il n’y aura pas de petites économies.
La deuxième raison est médicale : aucune étude scientifique depuis 180 ans ne prouve l’utilité des 1.200 médicaments homéopathiques sur le marché. Il y a trois mois, l’Académie de médecine et l’Académie de pharmacie ont co-signé une tribune dans les colonnes du quotidien Le Figaro. Ce texte qualifie l’homéopathie d’irrationnelle, de dangereuse et de coûteuse. Pour ses signataires, l’homéopathie n’est rien d’autre qu’un placebo.
Une industrie incroyablement prospère
Mais alors, pourquoi des médecins homéopathes ? "On recense 5.000 médecins homéopathes en France, et l’homéopathie est même encore enseignée dans une quinzaine de facultés de médecine", rappelle Véronique Jacquier. Seule la faculté de Lille a suspendu sa formation et ses diplômes d’homéopathie. Paradoxalement, les médecins homéopathes sont jugés par la population plus à l’écoute des patients, moins enferrés dans une médecine jugée de plus en plus technique. "Si l’homéopathie est sans danger, si elle ne fait pas de mal, tant mieux si elle peut faire du bien".
Le déremboursement de l’homéopathie aurait par ailleurs des conséquences pour les laboratoires. En effet, trois d’entre eux sont des spécialistes en la matière : Boiron, Lehning et Weleda. Le laboratoire Boiron a déjà prévenu qu’un millier d’emplois seraient menacés en cas de déremboursement de l’homéopathie. "Mais il est quand même temps de remettre les pendules à l’heure", précise Véronique Jacquier. Les granules homéopathiques ne sont pas soumises à des autorisations de mise sur le marché comme les autres médicaments. Il n’existe, en effet, aucune contrainte d’essais thérapeutiques préalables. De quoi générer une industrie incroyablement prospère sans aucune preuve d’utilité scientifique… "La France est le seul pays au monde avec l’Italie et l’Espagne à considérer qu’il faut être médecin pour prescrire de l’homéopathie, remarque Véronique Jacquier. Partout ailleurs, c’est un placebo, reconnu comme tel, et donc non remboursé. Il serait temps que la France lève toutes les ambiguïtés sur ces petites granules".
Retrouvez "Info Vérité" du lundi au vendredi avec Véronique Jacquier à 7h10 et 9h15 sur Sud Radio, dans la matinale de Cécile de Ménibus et Patrick Roger.
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