Les professionnels de santé de l'AP-HP seront dans la rue, ce jeudi, pour manifester leur opposition au projet de réforme des 35h avancé par leur directeur général, Martin Hirsch. Une journée de mobilisation initiée par l'ensemble des syndicats représentatifs. Un rassemblement est prévu à 11h, devant le siège de l'AP-HP (4e arrondissement).
Des problèmes de longue date
C'est ce qu'on appelle un serpent de mer. Les 35h à l'hôpital continuent de poser problème, entre rythme impossible à tenir et RTT accumulées en pagaille sur un compte épargne-temps.Depuis leur instauration par la loi Aubry en 2002, les 35h ont posé problème à l'hôpital. La diminution du temps de travail ne s'est jamais soldée par la création de postes espérée. Du coup, ce manque d'effectif empêche les salariés de prendre leurs RTT, d'où une démotivation au sein du personnel... mais également un problème organisationnel de grande ampleur. Ces RTT non utilisées sont stockées sur des comptes épargnes temps. Une première sonnette d'alarme avait été tirée en 2011, quand des chiffres faisaient état de près de deux millions de jours de RTT stockés sur ces CET. Une vraie bombe à retardement.75 000 personnes travaillant aux AP-HP seraient concernées. Deux tiers d'entre elles travaillent au moins 38h hebdomadaires, cumulant ainsi des RTT pour revenir sur une moyenne annuelle de 35h. Remettre en cause les 35h permettrait donc de désamorcer, en partie, la bombe des CET.
Remettre en cause le protocole sur les 35h
Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP, a remis la question sur le devant de la scène en annonçant qu'il souhaitait revenir sur les 35h dans ses établissements. Dans une interview aux Echos, il estime que cela engendrerait des économies de l'ordre de 20 à 25 millions d'euros par an. De quoi répondre partiellement aux demandes du Gouvernement, qui réclame 3 milliards d'euros d'économies sur trois ans.Du côté du ministère de la Santé, Marisol Touraine a rappelé "que le gouvernement est attaché aux 35 heures, à l’hôpital comme ailleurs. Il n’est pas question de remettre en cause leur cadre réglementaire".Si la durée légale ne sera pas remise en cause, il s'agit de trouver d'autres organisations de travail. Une perspective que partage la Fédération Hospitalière de France, qui, dans une étude menée l'an dernier, pointait les conséquences fâcheuses de l'application des 35h dans l'hôpital public. Outre l'insoluble problème des CET et du manque d'effectif, elle mettait en évidence les conditions de travail dégradées et le recours toujours plus important à l'intérim.