Faute de consensus au niveau européen, la France va faire cavalier seul pour réclamer aux géants du web une participation à la fiscalité française. On leur imposera un taux d’imposition de 3% qui devrait être un premier pas, suivi par d’autres pays européens. Et si Amazon, Google, Facebook, Apple et les autres ne jouaient pas le jeu, seriez-vous prêt à boycotter ces géants du web ?
Le boycott plus efficace que les taxes
"Une chose est sûre : le boycott serait un moyen très efficace de faire bouger les choses, estime Clémence Houdiakova. Alors que l’État peine à imposer une taxe à 3% sur un chiffre d'affaires digital, ce qui représente une piqûre de moustique pour ces mastodontes… Si les consommateurs s’y mettaient, les GAFA seraient obligés de réagir !" L’Europe représente en effet, pour ces géants du web, un marché inestimable de consommateurs aisés, dont les géants de la Silicon Valley ne peuvent se passer. Pas sûr pour autant que le divorce entre les géants du web américains et les Français ne soit pour demain…
Et cela, même si ces entreprises de la Silicon Valley déçoivent : on se souvient de l’affaire de Cambridge Analitica où Facebook avait vendu les données personnelles de ses utilisateurs pendant la campagne présidentielle américaine. Pourtant, on continue de l'utiliser et, même pire : son nombre d’utilisateurs a augmenté ! Le réseau social compte 282 millions d'utilisateurs en Europe contre 278 millions trois mois auparavant. "Et des scandales, il y en a tous les jours : Google avait oublié de signaler la présence des micros dans ses objets connectés..."
Une question posée vingt ans trop tard
Comment explique-t-on cette augmentation du nombre d'utilisateurs malgré les scandales ? Parce que ces géants du Net occupent une position de monopole : un tel monopole que, si vous achetez un produit, comme un téléphone Android, vous êtes obligés d’avoir toutes les applications liées à Google. "Si l'on veut des alternatives de type 'Qwant', le moteur de recherche européen, il s’agit plus d’une question de souveraineté européenne, un choix stratégique qui pourrait d’ailleurs être défendu par l’Europe", juge Clémence Houdiakova.
"Je pense que l’on ne peut pas s’en passer, estime Dominique Calmels, cofondateur de l’Institut Sapiens. Aujourd'hui, 75% des entreprises ont une adresse Gmail chez Google. 95% ont moins de 10 salariés, celles qui’ l’utilisent sont les plus petites. Si on leur retire leur outil, cela ne va pas être simple. On ne peut pas les contourner. On est en train de se poser une question que l’on aurait dû se poser il y a vingt ans. La solution est dans l’Europe. On peut utiliser 'Qwant' mais il faut des outils équivalents à ceux de Google, et pas seulement la messagerie. C'est le même problème avec l’Intelligence artificielle : alors que les Chinois mettent des dizaines de milliards par an sur la table pour la développer, la France met 1,5 milliard. On n'y arrivera jamais ainsi".
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