Si le mouvement des écologistes percent quelques fois dans les élections intermédiaires en France, ce parti ne vient pas de n'importe où. "C'est une longue histoire qui commence en Allemagne de l'Est quand l'URSS demande à la RDA communiste de financer les Verts allemands contre le nucléaire civil pour permettre à l'URSS de rattraper son retard sur les Etats-Unis", développe le professeur Jean de Kervasdoué.
Du nucléaire aux OGM
"Le premier commandement des écologistes", c'est donc d'être de farouches opposants au nucléaire, mais vont se déporter sur un deuxième combat, "se rendant compte que cette situation est assez fragile". Place à la lutte contre les OGM. Un thème qui revient en écho dans l'actualité des vaccins anti-covid. "Lorsque le virus mute, que les mutants sont génétiquement modifiés, au nom de quoi on se priverait d'une technologie inventée par une française qui est capable de faire des choses merveilleuses, qui ont conduit à des choses qui marchent : le vaccin ARN ?", compare l'économiste. Alors, "pourquoi se l'interdire dans les plantes et les animaux ?", interroge-t-il.
Les écologistes s'inquiètent également sur le devenir des forêts. "En France, il y a aujourd'hui trois fois plus de forêt qu'à la Révolution française", note Jean de Kervasdoué. En 1789, elles ne recouvraient en effet que 11% de la surface de la France, contre 33% à l'heure actuelle. Et ailleurs dans le monde, la déforestation est "partielle" et particulièrement "faible", selon le professeur. En Amazonie, elle s'était arrêtée avant l'arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro au Brésil, "depuis ça repart mais ça n'a aucune conséquence sur l'oxygène de la planète", assure-t-il. "Quand on brûle un arbre, on dégage le même taux de gaz carbonique que quand l'arbre pourrit sur place et se décompose", explique le professeur. Au final, selon la FAO, il ne disparaît que "0,08% des 4 milliards d'hectares de forêt dans le monde".
Des écologistes au nord, des problèmes écologiques au sud
Souvent évoqué comme une conséquence de la déforestation, la cause des incendies serait tout autre, pour le professeur Jean de Kervasdoué qui impute la construction de maisons au milieu des forêts. "Ces maisons sont habitées, on ne gère pas correctement les forêts", explique-t-il. Néanmoins, il note que les forêts "ont brûlé dix fois plus en 1970 qu'en 2020", alors qu'à l'époque, "on ne parlait pas de réchauffement climatique, on pensait au contraire que la température allait baisser", se souvient l'économiste.
Un certain décalage entre la réalité et les positions des écologistes qui s'expliquent notamment par un clivage géographique. "Les écologistes politiques sont au nord de l'Europe, les problèmes écologiques sont dans le sud de la planète", remarque le professeur qui dépolore "une connotation néo-colonialiste dans les discours écologistes". "Ils donnent des leçons à des gens qui ont faim, qui ont besoin de se nourrir", note Jean de Kervasdoué. Finalement, les plus gros pollueurs ne sont pas européens, mais se trouvent en Chine, en Inde et aux Etats-Unis. Pour preuve, "en France, la consommation des énergies fossiles baisse depuis au moins 40 ans", mais devrait remonter avec la fermeture de Fessenheim.
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