La crise sanitaire du Covid-19 a mis en exergue la solitude et la fragilité des seniors, notamment dans les Ehpad et les maisons de retraite. Une journaliste a enquêté plus de trois ans dans ce milieu, elle appelle aujourd’hui à stopper la maltraitance de nos personnes âgées.
Elise Richard : "c’est un sujet qui nous concerne tous"
"Cessons de maltraiter nos vieux !" (éd. du Rocher). C’est une enquête poignante que livre Elise Richard. Un sujet que l’on connait. Que l’on a (re)découvert avec la crise sanitaire du Covid-19. "C’est un sujet qui nous concerne tous. On a tous des parents qui vieillissent. On va tous devenir vieux un jour, nos enfants aussi. C’est un sujet qui devrait concerner tout le monde même si tout le monde ne se sent pas forcément concerné", explique la journaliste, qui a débuté son enquête en 2018, avant la crise sanitaire.
Une fois sur place, la journaliste découvre que le système prend l’eau. Invitée d’André Bercoff, sur Sud Radio, Elise Richard explique qu’il manque des "moyens humains et financiers". "Tous les jours, c’est une frustration immense pour les professionnels, une frustration énorme de ne pas avoir le temps pour bien faire son métier", lance la journaliste, qui évoque, outre le manque de moyens, une véritable maltraitance, qu’elle soit institutionnelle ou volontaire.
EHPAD : Un manque de temps pour les soignants
"Les soignants n’ont pas de temps. Tout est fait à la va-vite. Pour les soignants, la frustration est énorme. Pour les personnes âgées, l’accompagnement n’est pas au rendez-vous", ajoute-t-elle. La prise en charge financière des personnes âgées en Ehpad est importante. "Le coût moyen est aux alentours de 1.800 €. Cela peut monter jusqu’à 10.000 €. Mais ce n’est pas parce que vous allez payer plus cher que l’accompagnement sera meilleur", nuance Elise Richard, sur Sud Radio.
C’est un fait. La cinquième puissance du monde n’arrive pas à prendre soin de ses seniors, et à bien accompagner leur fin de vie. Le constat est sans appel à la lecture du livre d’Elise Richard. Cette dernière explique en outre que ce soit en Ehpad, ou à domicile, la situation n’est pas bonne. 60% des personnes âgées vivent à domicile. "Il y a aussi un manque de personnel énorme. Les départements délivrent un plan d’aide, qui va leur accorder une, deux voire trois heures d’accompagnement à domicile. Bien souvent ce nombre d’heures est insuffisant", lance la journaliste.
Des métiers mal rémunérés et peu attractifs
Dans cette situation, c’est souvent la famille qui vient pallier ce manque de personnel. On les appelle les aidants. Ce qui peut être épuisant. "20% des aidants déclarent subir une charge importante ou lourde, et sont au bord de l’épuisement. Il faut augmenter les plans d’aide, et rendre ces métiers plus attractifs. Ce sont des métiers à temps partiel, très mal rémunérés, en moyenne moins de 1.000 € nets par mois", rappelle Elise Richard.
La journaliste confirme que la crise du Covid-19 a révélé des dysfonctionnements qui existaient avant. Depuis, des mesures ont été prises par le gouvernement, "notamment l’augmentation du salaire des professionnels dans les Ehpad et à domicile avec une revalorisation du salaire dans le secteur associatif". Des mesures qui ne sont pas anodines, mais qui sont loin d’être suffisantes pour bien prendre soin de nos seniors.
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