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Procès "Carton rouge" à l'arnaque des clubs de foot: des prévenus expriment honte ou regrets

Plusieurs prévenus ont exprimé leur honte ou leurs regrets mardi à Nancy au procès "Carton Rouge", consacré en cette deuxième journée à la retentissante escroquerie par téléphone visant des clubs de foot.

Jean-Christophe VERHAEGEN - AFP

Plusieurs prévenus ont exprimé leur honte ou leurs regrets mardi à Nancy au procès "Carton Rouge", consacré en cette deuxième journée à la retentissante escroquerie par téléphone visant des clubs de foot.

Quelque 63.000 euros de préjudice, sur les 28 millions siphonnés dans le cadre de cette arnaque, concernent des clubs de football qui évoluaient alors en Ligue 1 et 2.

Les clubs de Sochaux, Angers et Toulouse ont tous trois versé aux escrocs entre 10.000 et 35.000 euros, dupés par des appels malveillants d'hommes qui se faisaient passer pour des proches ou agents de joueurs, entre août et octobre 2017.

Systématiquement, les escrocs indiquaient que le joueur avait changé de coordonnées bancaires, et le faux agent s'occupait d'envoyer un RIB pour le versement des salaires.

Sochaux a ainsi versé plus de 17.000 euros, somme qui a immédiatement été transférée vers des comptes en Bulgarie ou à Malte. Angers a payé 35.000 euros et Toulouse 10.000.

- "Vigilance des victimes" -

Les plaintes des clubs, qui se sont rapidement rendu compte de l'arnaque, ont déclenché l'enquête.

Une douzaine d'autres clubs ont été ciblés par des tentatives d'arnaque, mais seules six d'entre elles (visant Lorient, Marseille, Brest, Rennes, Nantes et Dijon) sont examinées par le tribunal.

La Ligue de football professionnel (LFP) "est partie civile pour défendre le football professionnel et les clubs qui ont subi un préjudice", a-t-elle indiqué à l'AFP.

La Ligue "vient faire valoir les droits de l'ensemble des clubs", a précisé l'avocat de la LFP, Me Benjamin Peyrelevade.

Dès le début de l'affaire et les premiers signalements à l'été 2017, "l'information a circulé assez vite dans le milieu professionnel que des individus se faisaient passer pour des agents pour demander un paiement", a-t-il précisé.

La LFP a ainsi mis en place une communication pour mettre en garde les clubs sur ces agissements. "Sans le football professionnel pour donner l'alerte, sans doute que les procédés auraient perduré pendant encore un moment", estime l'avocat.

Au final, "le football n'est pas l'enjeu" du dossier, conclut-il, avec une soixantaine de milliers d'euros de préjudice pour trois clubs. Mais il a "fait office d'alerte".

Ce sont ces agissements contre les clubs qui ont permis de remonter à une fraude bien plus large sur internet, ayant fait plus de 1.300 victimes pour un préjudice de 28 millions d'euros. Des centaines de particuliers ont été bernés, croyant investir dans des crypto-monnaies ou des diamants.

Si 22 personnes sont poursuivies par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Nancy pour l'ensemble des escroqueries, six d'entre elles le sont aussi dans le cadre des escroqueries au préjudice des clubs de foot.

- "Têtes pensantes" en fuite -

Emmanuel F., 45 ans, a reconnu à la barre avoir appelé, depuis un centre d'appel situé en Israël, les clubs de football sous une fausse identité, pendant une période d'environ un an, à la demande de celui qu'il désigne comme le chef de l'organisation, Mickaël I., en fuite.

Un avocat tient un dossier portant l'inscription "Carton rouge" à l'ouverture du procès au centre des congrès à Nancy, le 21 octobre 2024

Jean-Christophe VERHAEGEN - AFP

"Il y a sept ans, j'avais des problèmes d'argent, j'étais addict au jeu", a-t-il déclaré au tribunal, disant sa "honte" d'avoir participé à l'escroquerie.

Il a expliqué qu'en Israël "il y a des publicités partout pour travailler dans des call centers", où vont "beaucoup de pères de famille" qui croient faire un travail légal "mais qui sont en fait dans un bourbier dont ils ne peuvent plus se sortir".

"Avant moi, il y avait des escroqueries. Après moi, il y aura des escroqueries. Ca ne s'arrêtera pas, les têtes pensantes sont là-bas", a-t-il insisté, disant que "ce sont eux qui gagnent le plus d'argent, qui vivent impunément" et disposent de bureaux avec "pignon sur rue" pour passer des appels vers la France et berner particuliers comme sociétés.

Le procès, qui doit durer quatre semaines, se déroule au Centre des congrès de Nancy, afin de pouvoir accueillir les plus de 850 parties civiles et 150 avocats, mais pour l'heure, les victimes sont peu nombreuses à avoir fait le déplacement.

Par Marine LEDOUX / Nancy (AFP) / © 2024 AFP

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