Dominique Pelicot "m'a offert sa femme contre du jardinage", mais j'ai "refusé d'y aller" car il m'avait prévenu qu'il la droguait pour l'endormir et pour moi "il s’agissait d'un viol", a affirmé mardi un témoin devant la cour criminelle de Vaucluse.
Jérôme B. 42 ans est chauffeur routier. En mars 2020, comme les 49 autres hommes jugés avec Dominique Pelicot à Avignon depuis le 2 septembre, il entre en contact avec celui-ci, le principal accusé de ce procès emblématique de la soumission chimique et des violences faites aux femmes, sur le site libertin coco.fr, fermé depuis.
Il figure dans le dossier car il été identifié grâce au disque dur sur lequel Dominique Pelicot, 71 ans, archivait les photos et vidéos des viols qu'il commettait depuis 10 ans sur son épouse, Gisèle, préalablement endormie par des somnifères qu'il lui administrait à son insu, et ceux commis par les hommes qu'il invitait sur internet à venir faire de même.
Mais le fichier de Jérôme B. était vide, Jérôme B. ne s'étant finalement jamais rendu au domicile du couple Pelicot à Mazan, une petite ville du Vaucluse.
À la barre des témoins, Jérôme B., contre qui aucune charge n'a finalement été retenue, explique: "Il me demande de faire des travaux de jardinage et en échange, il m'offre sa femme. Je lui propose un samedi matin, il me dit non car il lui donne un cachet pour l'endormir. Il ajoute qu'il drogue sa femme et l'offre à des hommes très souvent. Je lui réponds que c'est du viol et que je ne suis pas d'accord".
Entendu dans la foulée, Cyril F., le second "dossier vide" de l'affaire, explique avoir lui aussi brièvement échangé avec Dominique Pelicot sur coco.fr. "Jusqu'à ce qu'il me dise que sa femme prendrait des cachets et qu'elle dormirait sûrement à mon arrivée".
"J'ai pensé que c'était un jeune qui racontait n'importe quoi, je ne pensais pas du tout que quelqu'un pouvait droguer sa femme et j'ai coupé court", raconte ce fonctionnaire de 48 ans, qui ne se souvient pas précisément si Dominique Pelicot lui a dit qu'il administrait les somnifères en cachette ou si Gisèle les prenait elle-même.
"En tout cas, il ne vous a pas dit +Viens, on va participer à un viol+?", lui demande Me Nadia El Bouroumi, qui défend un accusé. "A ça non", répond le témoin.
AFP / Avignon (AFP) / © 2024 AFP