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Quand Emmanuel Macron déplore "l'ingratitude" à son égard

"Extrêmement blessé", voire "meurtri". Emmanuel Macron laisse filtrer en ce début d'année son sentiment d'être l'objet d'une certaine "ingratitude", alors même qu'il semble déterminé à se faire entendre à nouveau après six mois en sourdine.

Aurelien Morissard - POOL/AFP/Archives

"Extrêmement blessé", voire "meurtri". Emmanuel Macron laisse filtrer en ce début d'année son sentiment d'être l'objet d'une certaine "ingratitude", alors même qu'il semble déterminé à se faire entendre à nouveau après six mois en sourdine.

Cet état d'esprit chagrin, c'est son épouse qui l'a dépeint cette semaine, interviewée à l'occasion du lancement annuel de l'opération "Pièces jaunes" pour les enfants et adolescents hospitalisés.

"Parfois, ce qu'il entend, ça le meurtrit", a dit Brigitte Macron sur TF1. "Je le sens extrêmement blessé", a-t-elle renchéri sur RTL.

En cause, la "violence" des critiques, nombreuses, contre son action, notamment sur les réseaux sociaux. "Comment peut-on assassiner verbalement des gens comme ça?", a-t-elle lancé.

Or, pour la Première dame, "s'il y a une chose qu'Emmanuel mérite, c'est le respect", car "il travaille tout le temps" et "il met toute son intelligence, tout son cœur au service des Français".

Dans son discours devant les ambassadeurs de France lundi, Emmanuel Macron a lui-même déploré d'être parfois maltraité.

"On a oublié de nous dire merci": la phrase, qui a fait polémique, visait les pays sahéliens où la France est intervenue militairement "contre le terrorisme". Mais le chef de l’État a ajouté une pique contre "l'ingratitude" par trop répandue à son goût, avant de compléter: "je suis bien placé pour le savoir".

"C'est de lui dont il parlait", "c'est lui qu'il fallait remercier", a raillé vendredi sur BFMTV le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy.

"Moi, ce qui m'a meurtri", a-t-il ajouté, c'est que Brigitte Macron "utilise l'opération des Pièces jaunes" pour "venir pleurnicher sur le sort d'Emmanuel Macron" qui "a multiplié les outrances contre les Français".

Selon plusieurs de ses interlocuteurs, le président a été affecté par une série d'articles du journal Le Monde publiés avant Noël et lui attribuant, ainsi qu'à son entourage, des propos controversés, aussitôt qualifiés de racistes, sexistes ou homophobes par ses opposants. L’Élysée a démenti en bloc.

Selon un de ses proches, le locataire de l’Élysée a aussi été "sonné" par la "méchanceté" de François Bayrou, qui l'a menacé de rupture s'il ne le nommait pas à Matignon. Et qui a fini par obtenir le poste.

- Impopularité record -

Et puis, il y a la dissolution de l'Assemblée nationale, qui lui vaut des critiques jusque dans son camp.

Sa popularité est au plus bas. Selon le dernier baromètre Elabe pour Les Échos, seuls 18% des Français interrogés lui font confiance "pour affronter efficacement les problèmes qui se posent au pays", le plus mauvais chiffre depuis son accession au pouvoir.

"C'est surprenant de le voir baisser alors qu'il n'est plus totalement aux commandes", dit à l'AFP Bernard Sananès, président de l'institut de sondages. "Mais plus l'instabilité politique persiste, plus le reproche de la dissolution lui est fait".

Après avoir longtemps défendu sa décision de dissoudre, Emmanuel Macron a fini par faire son mea culpa lors de ses vœux aux Français pour 2025.

Avec une nuance: "pour le moment", "à cette heure", la dissolution a eu plus d'effets négatifs que de bénéfices, a-t-il expliqué.

Les stratèges élyséens expliquent à qui veut l'entendre que le bilan devra se faire dans dix ans. Ils assurent qu'ils sont "en train de réécrire la politique des dix, quinze prochaines années", rapporte une députée macroniste.

Brigitte Macron ne dit pas autre chose lorsqu'elle glisse que "c'est l'Histoire qui donnera en fin de compte le sens de cette dissolution, s'il fallait la faire ou ne pas la faire".

Paradoxalement, ces états d'âme présidentiels filtrent à un moment où Emmanuel Macron semble vouloir revenir, autant que possible, en première ligne, après avoir été contraint à une posture plus en retrait par la défaite de son camp aux législatives anticipées.

"Il a un état d'esprit combatif mais avec des leviers qui ne sont plus les mêmes", en se concentrant sur l'Europe et l'international, dit un de ses ministres.

Dans ses vœux, il a même fait des incursions sur la politique intérieure, faisant mine de fixer sa ligne économique au gouvernement ou laissant miroiter un ou des référendums en 2025.

Les appels à la démission "lui donnent plus envie de tenir qu'autre chose", sourit un ex-ministre.

Par Francesco FONTEMAGGI / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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