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Quand la passion pour l'avion l'emporte: horlogère et pâtissier devenus mécanos

Roxane réparait des montres et Guillaume faisait des gâteaux: animés par leur passion pour les avions, ces trentenaires ont changé de vie pour devenir mécaniciens aéronautiques, un secteur en forte demande qui aime des profils atypiques.

STEPHANE DE SAKUTIN - AFP

Roxane réparait des montres et Guillaume faisait des gâteaux: animés par leur passion pour les avions, ces trentenaires ont changé de vie pour devenir mécaniciens aéronautiques, un secteur en forte demande qui aime des profils atypiques.

Lorsqu'elle étudiait l'horlogerie, Roxane Gerand, 32 ans, s'intéressait particulièrement à "tout ce qui est altimètre en avionique".

"Je l'ai toujours gardé dans l'esprit" et en 2015 "je me suis dit +allez, lançons-nous !".

Elle dit y avoir été bien accueillie que ce soit pendant l'apprentissage ou l'intégration dans les ateliers.

Ses parents sont "conciliants" et la "suivent" dans ce revirement peu commun vers un milieu qui compte très peu de femmes.

"Si on est passionné par la mécanique, je ne vois pas pourquoi être freinée parce que c'est soi-disant un métier d'homme. Soyez ce que vous voulez être et non ce que les autres veulent que vous soyez", lance-t-elle à l'intention de jeunes femmes qui hésitent.

Un réacteur d'avion dans un atelier de maintenance d'Air France à l'aéroport d'Orly, près de Paris, le 3 février 2025

Un réacteur d'avion dans un atelier de maintenance d'Air France à l'aéroport d'Orly, près de Paris, le 3 février 2025

STEPHANE DE SAKUTIN - AFP

Une journée sera dédiée aux femmes au prochain salon du Bourget en juin pour les encourager à venir dans l'industrie aéronautique. Air France, qui emploie Roxane, compte actuellement 16% de femmes contre 7% en 2010.

Pour Roxane, c'est un atout.

"A la sortie des écoles d'horlogerie, il n'y a pas eu beaucoup d'emplois. La plupart des écoles sont en Suisse, il y a une grande concurrence. Et j'avoue, j'étais un peu fatiguée de ces compétitions donc je voulais changer", raconte-t-elle.

- Jamais la routine -

Roxane fait d'abord un apprentissage de trois ans en aéronautique, sur les trains d'atterrissage dont la plupart des systèmes fonctionnent grâce à des circuits hydrauliques.

Roxane Gerand, mécanicienne d'Air France, dans un atelier de maintenance à l'aéroport d'Orly, près de Paris, le 3 février 2025

Roxane Gerand, mécanicienne d'Air France, dans un atelier de maintenance à l'aéroport d'Orly, près de Paris, le 3 février 2025

STEPHANE DE SAKUTIN - AFP

Elle arrive ensuite chez Air France où elle s'occupe de l'hydraulique, puis se spécialise dans les cabines, en particulier les toilettes.

"Cela ne se voit pas, mais il y a beaucoup de travail sur une cuve. Il y a des tests électriques, pneumatiques, hydrauliques pour voir s'il n'y a pas de fuites ou d'équipement électrique qui a lâché".

Elle démonte, change des joints, ajuste, règle le moteur, remonte, teste avant de l'emballer et l'envoyer au client. "Il n'y a jamais une même panne".

"C'est vraiment un univers qui est très enrichissant, qu'on apprend tous les jours", soutient Guillaume Cidolit, 30 ans qui est depuis novembre au remontage final des moteurs dans un atelier de maintenance d'Air France à l'aéroport d'Orly.

Des mécaniciens d'Air France travaillent sur le réacteur d'un avion dans un hangar de maintenance de l'aéroport d'Orly, près de Paris, le 3 février 2025

Des mécaniciens d'Air France travaillent sur le réacteur d'un avion dans un hangar de maintenance de l'aéroport d'Orly, près de Paris, le 3 février 2025

STEPHANE DE SAKUTIN - AFP

Pâtissier de 2001 à 2022, il en a "eu un peu ras-le-bol" et a voulu "passer à autre chose".

"C'est plus une passion qu'un métier. Passionné, je l'ai été, mais j'ai perdu cette passion", raconte-t-il. Il ne lui restait alors que la "discipline" et un rythme de travail "épuisant".

- "Gratifiant" -

"J'aime les travaux manuels et les avions": c'est ainsi qu'il a résumé son souhait auprès de France Travail qui l'oriente vers une formation qui dure neuf mois.

Des mécaniciens d'Air France travaillent sur le réacteur d'un avion dans un hangar de maintenance de l'aéroport d'Orly, près de Paris, le 3 février 2025

Des mécaniciens d'Air France travaillent sur le réacteur d'un avion dans un hangar de maintenance de l'aéroport d'Orly, près de Paris, le 3 février 2025

STEPHANE DE SAKUTIN - AFP

"Le plus compliqué, c'est l'anglais et l'interprétation de la documentation technique" toujours rédigée en anglais. "Mais en s'entraînant, on y arrive".

Outre l'anglais, il a dû passer des tests "psychotechniques" demandant de réinterpréter des schémas ainsi que de "personnalité" censés montrer comment un candidat raisonne et fonctionne.

Guillaume fait des vacations de matin ou d'après-midi et va bientôt travailler de nuit une semaine sur cinq.

Un rythme "plus ralenti qu'en pâtisserie" même s'il y a des similitudes entre les deux mondes en termes du respect des consignes et des recettes. "On ne peut pas faire n'importe quoi".

"Les enjeux sont moins graves quand on rate un gâteau que sur un moteur. Mais cela reste tout aussi technique".

Il préfère aussi l'esprit d'équipe dans les hangars où "on s'entraide", mais surtout le fait de contribuer à faire voler un avion.

"On remonte des moteurs qui iront partout dans le monde. L'avion s'envole avec l'un des moteurs qu'on a réparés, c'est toujours gratifiant".

Par Olga NEDBAEVA / Orly (France) (AFP) / © 2025 AFP

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