Assis par terre, à l’angle d’un hangar, son duvet remonté jusqu’aux genoux pour recouvrir ses chaussures trouées, Yann se demande s’il va survivre à cet hiver. ‘Le climat de cette nuit et d’aujourd’hui, c’est l’humidité, la pluie. Là, je suis vraiment fatigué, j’ai un peu de vertiges. Je n’ai plus la force d’essayer de survivre. Je ne sais même pas si je m’appelle encore par mon prénom.’
Dans la rue depuis 8 ans, 10 ans, peut-être 11, et derrière ses yeux bleus perçants, Yann se perd dans les dates. Ce qu’il sait, c’est qu’il est là depuis le décès de son père. Criblé de dettes, il laisse derrière lui des dizaines de factures à régler, mais il n’y arrive pas.
‘Je me serais jamais dit que j’allais être à la rue. J’ai fait des études, je touche à l’électricité, j’apprends l’électronique… Tout le monde me dit ‘Alors le technicien ? Alors McGyver ? Et je suis dehors...’
Depuis une mauvaise expérience, Yann n’appelle plus le 115. Il évite aussi les foyers et refuse de dormir dans le métro de peur de croiser le regard des agents. Après de nombreuses démarches de demandes de logements, il ne sait plus quoi faire : ‘Mais qui va pouvoir m’aider ? J’ai essayé, mais maintenant, je n’essaye plus. Je n’ai plus la force. Physiquement, je suis usé.’
Sans compter les fêtes qui approchent, Yann aimerait simplement se réveiller et que tout soit terminé.
Témoignage recueilli par Mathilde Choin pour Sud Radio