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"Rangé", le parrain tué à Grenoble se savait "en danger" selon son avocat

Il avait appartenu au grand banditisme grenoblois mais était "rangé des affaires" depuis 20 ans. Son avocat en est certain, le spectaculaire assassinat de Jean-Pierre Maldera mercredi près de Grenoble est lié à la disparition toujours non élucidée de son frère et associé Robert il y a dix ans.

Olivier CHASSIGNOLE - AFP

Il avait appartenu au grand banditisme grenoblois mais était "rangé des affaires" depuis 20 ans. Son avocat en est certain, le spectaculaire assassinat de Jean-Pierre Maldera mercredi près de Grenoble est lié à la disparition toujours non élucidée de son frère et associé Robert il y a dix ans.

"Un jour, Robert m'avait dit, +nous, on considère qu'on a de la chance: on a de quoi vivre et on ne nous a pas tiré dessus+", relate Me Bernard Ripert, avocat depuis 45 ans des deux frères, qui s'étaient taillé une réputation de parrains du milieu du grand banditisme italo-grenoblois des années 80.

"Ils s'étaient rangés de ce qu'ils faisaient auparavant. Et ils espéraient pouvoir finir leur vie avec ce qu'ils avaient pu accumuler auparavant. Bien sûr, si vous me demandez si c'est légalement, je vous dirais non. Mais je peux vous dire que ça avait été accumulé sans qu'ils ne versent une goutte de sang ou qu'ils ne vendent un gramme de haschich ou de cocaïne", affirme l'avocat à l'AFP, évoquant des arnaques à la carte bleue et du racket.

Selon le parquet de Grenoble, Jean-Pierre Maldera, assassiné à 71 ans, comptait à son casier huit condamnations entre 1978 et 1999, dont l'une en 1986 à 15 ans de réclusion criminelle pour un vol à main armée. Robert de son côté avait été condamné en 1985 pour association de malfaiteurs et pour proxénétisme aggravé.

En 2004, les deux frères avaient été écroués dans une affaire de grand banditisme (association de malfaiteurs, blanchiment d'argent, extorsion de fonds, proxénétisme...), mais libérés en 2005 à la suite d'un vice de forme qui avait conduit à l'annulation de l'ensemble de la procédure.

Leur légende veut aussi qu'ils se soient chacun volontairement coupé un doigt en prison dans les années 80 pour exiger la remise en liberté de leur père Giuseppe et de la compagne de Robert.

Mais la chance a fini par tourner: Robert a disparu en 2015 à 55 ans à l'issue d'un rendez-vous avec un artisan et est depuis présumé mort. Trois hommes ont été mis en examen en 2017 pour "meurtre en bande organisée" mais aucun procès n'a eu lieu à ce jour.

Quant à Jean-Pierre, il a péri mercredi matin lors d'une attaque en pleine journée sur l'autoroute A41 près de Grenoble. D'abord visé par des tirs de kalachnikov et blessé à un coude, il a été ensuite violemment percuté par la voiture de ses assaillants. Une arme de poing a été retrouvée près de son corps.

La police nationale a lancé jeudi après-midi un appel à témoins pour tenter de recueillir des informations utiles à l'enquête. Une cellule d'urgence médico-psychologique a été ouverte pour les personnes qui auraient été choquées par le drame.

- "Il se savait menacé" -

Pour Me Ripert, Jean-Pierre Maldera "se savait menacé, en danger, il vivait caché chez lui", notamment depuis la disparition de Robert en 2015. Il était "très lié" à son frère et "a tout de suite compris qu'il ne (le) reverrait plus jamais".

"Robert a été tué non pas dans un contexte de rivalité, de délinquance ou d'histoire dans le milieu. Les Italo-Grenoblois, c'est fini depuis les années 80. Mais du fait d'un litige personnel, financier. (...) Et comme l'autre ne pouvait pas, ne voulait pas rembourser, le meilleur moyen de faire disparaître la dette, c'est de supprimer le créancier", accuse l'avocat.

"Ces assassins ont dû considérer que (Maldera) n'accepterait pas éternellement qu'on ne les sanctionne pas. (...) Ils ont préféré prendre les devants", affirme-t-il, accusant la police et la justice grenobloises d'avoir "couvert les assassins".

Me Franck De Vita, également avocat des Maldera depuis les années 2000, se veut prudent: "Je me dis que les enquêteurs vont imaginer toutes les pistes et que dans toutes les pistes, il y aura forcément celle-là". Il s'agit d'un dossier "compliqué" dans lequel la police effectue un "travail de très longue haleine", dit-il à l'AFP.

La préfète de l'Isère avait de son côté invoqué mercredi la piste du "fléau du narcotrafic", à l'origine de fréquents règlements de comptes et fusillades entre bandes rivales à Grenoble ces derniers mois.

Les enquêteurs pour leur part n'ont à ce stade avancé aucun mobile possible pour le meurtre. Quant aux agresseurs, ils sont toujours en fuite.

Par Amélie HERENSTEIN / Grenoble (AFP) / © 2025 AFP

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