Une note d’une quinzaine de pages remet en cause les conclusions du rapport Sauvé. Qu’est-ce qui ne va pas dans ce rapport ?
"On aimerait voir cela dans l’Éducation Nationale"
"D’abord, il faut dire que ce rapport est un événement, estime le Père Jean-Robert Armogathe, historien, théologien, et membre de l’Académie Catholique de France. Les évêques et les religieuses ont eu raison de mettre à la disposition d’une commission indépendante des moyens importants, plus de deux millions d’euros."
"La commission a produit un rapport inégalé, estime ce prêtre qui est l’un des huit membres de l’Académie catholique signataires de ce texte critiquant le rapport Sauvé. J’ai mis quinze jours à lire ce rapport et ces annexes. On aimerait voir cela dans l’Éducation Nationale, car c’est quelque chose de grave. Qu’il y ait 3.000, 30.000 ou 300.000 victimes, ce sont toujours des victimes de trop. C’est très bien qu’une enquête ait été faite."
"Y a-t-il autant de victimes que le nombre lâché ?"
Pour autant, "le problème est double, estime le Père Jean-Robert Armogathe. D’abord, la bataille sur les chiffres n’est pas anodine. Si le chiffre de 330.000 victimes sur 70 ans est vrai, il y a un problème systémique : l’église catholique fabrique des criminels. Si les chiffres sont de 25.000 ou 30.000, c’est tout aussi effroyable, mais cela ne relève plus d’un système.
À ce moment-là, on se rend compte que le clergé, religieux et religieuses, se trouve inférieur dans cette horrible affaires à d’autres catégories sociales. Il faut y réfléchir : y a-t-il autant de victimes que le nombre lâché ? Deuxième point, c’est une occasion remarquable de travailler sur la sexualité du clergé."
"Cela dépasse la mission de la commission"
"Mais l’agenda derrière ne s’est pas limité à retracer la mission donnée à la commission, estime-t-il. Elle a fait des préconisations qui demandent des réformes en profondeur de l’Église. Il ne s’agit plus de compassion pour les victimes, mais de réformes de fond sur le célibat des prêtres, le rôle des femmes, des laïcs. Cela dépasse la mission de la commission et réalise pour certains des vœux qu’ils ont depuis 30 ans. Il y a là un agenda qui n’est pas avoué, mais qui relève d’un combat contre l’Église."
Faut-il voir un lien avec l’annulation de la visite de la commission Sauvé au Vatican prévue le 9 décembre ? "Je suis historien, il y a une concordance de date. Le Saint-Siège a dû recevoir des remarques de la part du nonce apostolique à Paris, a préféré attendre un peu avant de recevoir les auteurs. C’est bien que ce rapport fasse parler, car ce qu’il dénonce est scandaleux."
Le Père Jean-Robert Armogathe, historien, théologien, membre de l’Académie Catholique de France, était interviewé dans "Sud Radio vous explique" sur Sud Radio le 1er décembre. "Sud Radio vous explique" est diffusée tous les jours à 7h45 dans la matinale animée par Cécile de Ménibus et Patrick Roger.
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